La revue des revues. Vue de loin, la couverture évoquerait plutôt un magazine de bande dessinée : illustration aux aplats « pétants », lettres rondouillardes du titre, Fracas, qui s’annonce en fait comme « le média des combats écologiques ». Pour son numéro 3, ce trimestriel, créé par trois journalistes trentenaires, anciens du magazine Socialter, consacre son dossier central à une question délicate : « Les chasseurs avec nous ? » Pour y répondre, la revue propose des articles de facture journalistique, dans l’espoir de concilier leurs convictions et les faits.
L’ensemble brosse préalablement le tableau de la chasse contemporaine en France. Ses pratiquants sont vieillissants (46 % sont retraités) et représentent encore un petit million de personnes (à 96,7 % des hommes). La chasse constitue toujours l’un des maillages de sociabilité et d’influence les plus denses de la France rurale, politiquement très courtisé : un article attendu, en même temps qu’indispensable, résume les méthodes du lobby de la chasse.
La part la plus hardie du dossier concerne l’éventuelle convergence entre chasseurs et écologistes. D’abord en donnant la parole à ceux qui contestent la disqualification par principe de la chasse. L’anthropologue Charles Stépanoff, spécialiste du chamanisme sibérien, propose ainsi de considérer l’être humain comme un « prédateur empathique ».
Pacte assumé
Pour l’économiste Jacques Luzi, membre de la revue Ecologie & Politique, « l’enjeu actuel est de se réapproprier le rapport à la mort en acceptant non seulement l’idée de mourir, mais celle aussi que vivre réclame de tuer. (…) La question n’est pas de tuer ou de ne pas tuer, mais comment on va tuer ». Ce type d’argumentaire ne fera pas vaciller les antispécistes, qui n’y verront que des diversions de « carno-traîtres ».
Plus persuasif, sur un plan tactique, est sans doute l’article documentant, à l’échelle locale, des alliances fructueuses entre écologistes et chasseurs pour défendre un site précis face à des projets potentiellement dévastateurs.
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