Le réel de l’art et l’art du réel. Ce dialogue, qui ne date pas d’hier, fertilise l’histoire du spectacle. Il se niche au cœur de différentes pièces chorégraphiques dont le terreau est celui de récits de vie nourris par un appétit gourmand pour l’humain et l’inconnu. Entre citation et sublimation scénique, cette tendance documentaire irrigue la recherche des chorégraphes tunisiens Selma et Sofiane Ouissi. Depuis la création, en 2006, de leur compagnie L’Art rue, à Tunis, cette paire d’artistes, sœur et frère, inscrit son geste dans des environnements forts qui deviennent les moteurs de ses élans. « Nous travaillons toujours à partir des contextes, que ce soit dans la ville ou à la campagne, soulignent-ils. C’est l’urgence politique et sociétale qui nous guide dans nos engagements. »

Selma et Sofiane Ouissi dans « Laaroussa Quartet ».

En répétition à Bruxelles, le 3 mai, Selma et Sofiane Ouissi veillent sur une installation plongée dans la pénombre. Quatre danseuses assises sur un banc ont le regard rivé sur un ruban de partitions posées devant elles. Mains agiles, elles semblent décrypter en direct un enchaînement de mouvements à la fois simples et complexes. En fond de salle, des images sont projetées. Des femmes habillées de couleurs vives y apparaissent. Elles sont potières, et les vedettes secrètes de ce spectacle intitulé Laaroussa Quartet, du nom des poupées d’argile laaroussa modelées par ces artisanes avec lesquelles les chorégraphes ont tissé une relation profonde depuis quatorze ans.

L’histoire est jolie. En 2010, à Paris, Selma Ouissi tombe en arrêt devant la vitrine d’un galeriste. Une poupée en terre capte son attention. Elle reconnaît dans cette sculpture le savoir-faire ancestral des potières de son pays, et plus précisément celles de Sejnane, une ville située dans le nord de la Tunisie, réputée pour cet artisanat. Ni une ni deux, elle téléphone à Sofiane, à Tunis. De retour, elle décide d’aller à Sejnane avec lui.

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