
Symboliquement, ce spectacle est né de la rencontre d’une femme et d’un moment. Entre Anna Politkovskaïa (1958-2006) et la décision du Kremlin d’envahir l’Ukraine. La célèbre journaliste russe est pourtant morte seize ans avant le début de la guerre. Inlassablement, pour Novaïa Gazeta, l’un des principaux titres de la presse indépendante à Moscou, elle couvrait les violations des droits humains en Tchétchénie, la petite république du Caucase russe, meurtrie par deux guerres, entre 1994 et 1996, puis de 1999 à 2000, et des combats entre rebelles et forces russes ayant perduré encore près d’une décennie. Le 7 octobre 2006, le corps d’Anna Politkovskaïa a été retrouvé dans l’ascenseur de son immeuble, à Moscou. Un assassinat à coups de revolver alors que la journaliste et mère de famille rentrait de faire ses courses.
« Le 24 février 2022, tragique jour de l’invasion de l’Ukraine par les troupes du Kremlin, j’étais sous le choc. Par instinct, je me suis mise à relire la pièce écrite sur la vie d’Anna Politkovskaïa. Plus que jamais, ce que nous avait dit la journaliste est d’actualité. Il est urgent de rappeler ses messages. C’est pourquoi j’ai créé et monté ce spectacle », confie Caroline Rochefort, la productrice et principale actrice d’Anna Politkovskaïa, femme non rééducable. La pièce se joue à Paris, au Théâtre de la Concorde, jusqu’au samedi 18 octobre, avant une longue tournée autour de la capitale. Le texte de Stefano Massini, qui, à plusieurs reprises, a déjà été mis en scène à travers l’Europe, rappelle avec force que la liberté de la presse, l’un des piliers de toute démocratie, est mise à mal par toute guerre, en Tchétchénie comme en Ukraine en près de quatre ans de conflit.
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