
Le projet de spectacle de fin d’année du centre de loisirs n’emballait pas mon fils. « Je suis déguisé en sac-poubelle, c’est moche », nous a-t-il lâché en traînant des pieds avant une ultime répétition. Le jour J, j’en ai donc fait des tonnes pour l’encourager quand il est arrivé sur scène, empaqueté dans un costume en sac à pain de cantine, festonné d’opercules de gourdes de compotes. Un habile travail de broderie que j’ai salué des yeux. Ses camarades ont eu moins de chance : trois d’entre eux étaient littéralement transformés en poubelles, l’une jaune, l’autre verte, et la dernière noire.
« A son âge, j’aurais quand même préféré être déguisé en chevalier », a chuchoté mon voisin. Le tout se jouait en juin, sous la canicule, avec 38 °C attendus à Paris. « Le recyclage à tous les âges, à tous les âges, c’est pas bête, ça sauve la planète ! », chantait en chœur – et en nage – la troupe de mouflets. A la fin, j’ai dit que le spectacle était super. Mais je dois bien avouer qu’en vrai j’étais très déprimée.
Je n’arrive en revanche pas à expliquer pourquoi. D’où vient ma gêne face à cette démonstration musicale que nos enfants sont de bons trieurs de déchets et que c’est là leur participation à l’écologisation de nos vies ? Car après tout, c’est bien ce qui est attendu, au minimum, de tous. Quand on demande aux Français les actions qu’ils font déjà pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, 80 % répondent le tri des déchets, d’après le baromètre annuel de l’Agence de la transition écologique (Ademe). C’est le premier geste cité, avant la baisse du chauffage ou l’achat de légumes de saison, bien avant ne plus prendre l’avion.
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