« J’encourage vivement les acteurs européens à acheter européen », a lancé Emmanuel Macron, lundi 10 février, au Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle (IA) de Paris. « Il nous faut plus de patriotisme économique et européen. Il faut y aller à fond, acheter l’intelligence artificielle française et européenne à chaque fois qu’elle existe », avait-il exhorté quelques jours plus tôt dans un entretien à la presse régionale. Plus largement, dans le numérique, « la préférence européenne n’est pas un gros mot », a aussi martelé la ministre déléguée au numérique, Clara Chappaz. « Beaucoup de pays le font déjà, dans le respect des règles internationales. Il faut simplement réfléchir différemment pour mieux soutenir notre écosystème », a-t-elle expliqué à Franceinfo.
Que valent ces exhortations, au moment où chaque jour grandit la tension entre l’UE et les Etats-Unis de Donald Trump, entre menaces de sanctions douanières, arrêt de l’aide à l’Ukraine et attaques en règle contre la régulation européenne des géants du numérique américains ? Sont-elles devenues anachroniques en quelques semaines – une éternité, au rythme des basculements géopolitiques en cours ? On pourrait au contraire arguer que l’heure est à la préférence européenne. Les appels au boycott de produits américains sur des groupes Facebook en Europe du Nord ou en France restent certes pour l’heure anecdotiques, mais, plus profondément, les appels à renforcer l’autonomie stratégique du continent s’ajoutent aux arguments économiques en faveur d’une telle voie.
L’idée de favoriser les entreprises numériques locales n’est en rien nouvelle, elle fait même figure de serpent de mer. De nombreux acteurs du secteur réclament de longue date – comme dans une tribune parue dans L’Obs en 2022 – un « Buy European Tech Act », qui réserverait aux sociétés de l’UE une part de la commande publique des administrations, entreprises publiques et collectivités. « Dans les faits, les Américains ont favorisé l’achat de produits américains. Il en va de même pour les Asiatiques. Et si les Européens n’achètent pas européen, personne ne le fera à notre place », argumentait la présidente de l’association de start-up France Digitale, Maya Noël, en 2024, dans un entretien à Franceinfo.
Il vous reste 45.79% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.