Le journaliste italien Fabio Marchese Ragona a accompagné le pape François dans la rédaction de l’une de ses autobiographies les plus complètes, Vivre (HarperCollins, 2024), que les deux hommes ont écrit ensemble, après un an de conversations approfondies sur les souvenirs du souverain pontife argentin, décédé le 21 avril à l’âge de 88 ans. Dans un entretien au Monde, le vaticaniste livre son regard sur l’action et la vie de Jorge Mario Bergoglio (le nom civil de François), dont on ne peut comprendre le pontificat qu’en l’éclairant à la lumière de son passé.

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Que retenez-vous des douze années du pape François ?

Je trouve ce pontificat révolutionnaire, centré sur ce que j’appelle une « révolution de la tendresse ». L’Eglise de Bergoglio n’est pas celle qui vous juge d’en haut et vous dit si vous avez tort ou raison. Il prônait une Eglise au niveau des fidèles, qui va vers les périphéries géographiques et existentielles, dont les portes sont toujours ouvertes.

Je soulignerai aussi sa proximité personnelle avec le public et sa façon de communiquer, franche, directe, accessible à tous. Beaucoup y voyaient seulement du « marketing », mais ceux qui le connaissaient en privé peuvent témoigner qu’il était comme ça. Le tout avec toujours une certaine ironie : avec moi, il n’a jamais terminé une réunion ou un appel téléphonique sans une blague – il priait d’ailleurs chaque matin saint Thomas More [1478-1535], pour avoir le don de la bonne humeur.

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Enfin, en matière de réformes, Bergoglio a obtenu ce que les congrégations générales des cardinaux demandaient du futur pape avant le conclave de 2013, c’est-à-dire une réforme structurelle de la curie romaine, une rationalisation et une réorganisation de tous ses bureaux, comprenant également une réforme économique et la simplification des règles et des procédures administratives.

Sur ces fronts comme sur d’autres, à l’instar de celui de la lutte contre la pédocriminalité, le chemin est loin d’être terminé. Mais, à mon avis, c’était un grand pape, car il a réussi à changer les choses, au moins un peu. Même avec la conscience de se faire beaucoup d’ennemis, il a toujours continué d’avancer, sans crainte.

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