Il fallait le faire. Emmanuel Macron a eu raison d’aller à Washington rencontrer Donald Trump. Les messages qu’il lui a passés étaient essentiels : oui, la sécurité de l’Ukraine et celle de l’Europe sont liées ; oui, les Européens ont beaucoup fait pour l’Ukraine et sont prêts à prendre une plus grande part à la sécurité du continent ; non, un cessez-le-feu bâclé n’assurera ni la sécurité de l’Ukraine ni celle de l’Europe.

Il fallait savoir le faire, et le président de la République a su allier fermeté sur le fond et chaleur sur la forme. Il n’est pas utile de parler à Donald Trump comme il nous parle. La preuve : plus l’administration américaine bouscule les Européens, moins elle les convainc. La diplomatie est d’abord un art du dialogue. Emmanuel Macron a-t-il convaincu Donald Trump ? Le triste épisode du vote américain à l’ONU incite à la prudence [le 26 février, les Etats-Unis se sont alliés à la Russie sur des textes concernant la guerre en Ukraine]. Il ne fallait pas attendre qu’une seule rencontre fasse des miracles. Il n’y en a pas eu.

Plus grave, rien ne montre aujourd’hui que l’Ukraine, et donc l’Europe, puisque les deux sont liés, peut compter sur de véritables garanties de sécurité. Des troupes européennes en Ukraine ? Moscou continue à s’y opposer. La Russie cédera-t-elle ? A la différence de Washington, Moscou ne dévoile pas son jeu à l’avance et ne fait, pour l’heure, aucune concession. Les Etats-Unis prendront-ils leur part dans la préservation de l’indépendance et de la souveraineté de l’Ukraine ? Les détails de l’accord sur les minéraux qu’ils imposent à Kyiv [Kiev en ukrainien] ne sont pas rassurants.

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Aujourd’hui, croire en une paix durable relève d’une série de paris aussi hasardeux qu’improbables : le pari que l’insistance des Européens à décrire la menace russe pour ce qu’elle est finira par convaincre Donald Trump ; le pari que l’Alliance atlantique restera, quoi qu’il arrive, le pilier de la sécurité des Européens ; le pari américain que la Russie serait prête à se dissocier de la Chine et de l’Iran et deviendrait raisonnable ; le pari de Volodymyr Zelensky (mais a-t-il d’autres choix ?) que l’appât du gain dont fait preuve l’administration américaine l’attachera durablement au sort de l’Ukraine.

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