Le leader de la majorité républicaine au Sénat des Etats-Unis, John Thune (au centre), au Capitole, à Washington, le 30 septembre 2025.

Le shutdown est devenu réalité, mercredi 1er octobre à partir de 0 h 01 (heure à Washington, 6 h 01 à Paris), faute d’accord au Congrès des Etats-Unis sur un texte budgétaire entre les républicains, alliés de Donald Trump, et les démocrates, dans l’opposition.

Après l’échec d’un dernier vote, une partie de l’administration fédérale se retrouve paralysée et des centaines de milliers de fonctionnaires au chômage technique, avec un versement différé de leur traitement. Le trafic aérien pourrait être affecté tandis que le versement de nombreuses aides sociales sera fortement perturbé. De fortes perturbations sont également attendues pour les usagers des services publics.

Si les républicains disposent de la majorité dans les deux Chambres du Congrès, le règlement du Sénat fait qu’un texte budgétaire doit être adopté par 60 voix sur 100, nécessitant donc au moins sept voix démocrates. Mais le vote pour un prolongement pendant sept semaines du financement fédéral n’a recueilli que 55 voix favorables, et 45 contre.

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Selon les calculs des analystes de la compagnie d’assurances Nationwide, chaque semaine de shutdown pourrait réduire la croissance annuelle du produit intérieur brut américain de 0,2 point de pourcentage. Les Bourses mondiales n’ont cependant pas montré d’angoisse à l’approche de l’échéance, le Dow Jones ayant même atteint un nouveau record à la clôture de Wall Street mardi.

Donald Trump menace de « choses irréversibles »

Avant l’échéance, Donald Trump avait fait monter la pression en accusant les démocrates de vouloir « tout fermer », en raison de leur refus d’accepter le budget voulu par les républicains, et en assurant que la situation pourrait avoir de graves conséquences. « Nous pouvons, durant le shutdown, faire des choses qui sont irréversibles, qui seront mauvaises pour eux. Comme licencier de nombreuses personnes », avait avancé le président américain, menaçant d’intensifier les opérations de limogeage de milliers de fonctionnaires fédéraux déjà entamées avec la commission DOGE de son ex-allié Elon Musk.

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Donald Trump avait déjà vitupéré à plusieurs reprises contre les démocrates et il a publié sur sa plateforme Truth Social un montage vidéo généré par l’intelligence artificielle montrant le chef de la minorité démocrate à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, affublé d’une longue moustache et d’un sombrero mexicain. Un montage dénoncé comme « raciste » par le principal intéressé, qui a regretté, en outre, l’absence de dialogue constructif avec la Maison Blanche. Tous ont déjà en tête les élections législatives de mi-mandat, en novembre 2026, lors desquelles la majorité républicaine au Congrès sera remise dans la balance.

Malgré l’approche de l’heure limite de minuit, les lignes n’ont pas bougé. D’un côté, les républicains proposaient une extension du budget actuel jusqu’à la fin du mois de novembre. De l’autre, les démocrates voulaient obtenir le rétablissement de centaines de milliards de dollars en dépenses de santé, notamment dans le programme d’assurance Obamacare pour les ménages des classes populaires, supprimés par l’administration Trump.

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Les démocrates dénoncent le manque de volonté de négociation. « Il est minuit. Cela signifie que le blocage républicain vient de commencer parce qu’ils refusent de protéger les soins de santé des Américains. Nous allons continuer à nous battre pour le peuple américain », a posté sur son compte X le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer.

Le président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, a quant à lui dénoncé de l’égoïsme de la minorité démocrate. « Les démocrates ont officiellement voté pour fermer le gouvernement. Résultats : les mamans et les enfants perdent maintenant [les programmes d’aide alimentaire]. Les anciens combattants perdent les soins de santé et les programmes de prévention du suicide. La FEMA [l’agence américaine de réponse aux catastrophes naturelles] perd des moyens pendant la saison des ouragans. Les soldats et les agents de la sécurité aérienne ne sont pas payés. La seule question maintenant : combien de temps Chuck Schumer laissera-t-il cette douleur continuer − pour ses propres raisons égoïstes ? », a posté sur X M. Johnson.

Une rencontre à la Maison Blanche sans issue favorable

Donald Trump n’est pas étranger aux shutdowns puisque le dernier remonte à son premier mandat, lorsque la paralysie avait duré de décembre 2018 à janvier 2019, pour un record de trente-cinq jours. « On ne sait pas combien de temps les démocrates maintiendront leur posture intenable, rendant la durée d’un shutdown compliquée à prédire », a affirmé le directeur du Bureau du budget à la Maison Blanche, Russell Vought, dans une lettre aux principaux responsables de services ministériels.

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Après l’échec d’un ultime vote au Sénat dans la soirée mardi, Russell Vought a donné la consigne aux administrations fédérales de « mettre en application leurs plans pour une fermeture ordonnée ».

Donald Trump avait reçu, lundi à la Maison Blanche, les principaux responsables républicains et démocrates du Congrès, une rencontre qui n’a fait que confirmer l’impasse des négociations. « Nous avons la volonté et la capacité de trouver une voie d’entente », avait assuré, mardi, Hakeem Jeffries. Mais « nous ne soutiendrons pas un projet de loi partisan républicain qui continue à démanteler le système de santé, ni maintenant ni jamais », avait-il ajouté devant le Capitole de Washington. Le chef de la majorité au Sénat, John Thune, a, lui, averti que les républicains « ne se laisser[aient] pas prendre en otage » par les exigences des démocrates.

En mars, alors que la menace d’un shutdown planait déjà, les républicains avaient refusé d’engager le dialogue sur les coupes budgétaires et le licenciement de milliers de fonctionnaires décidés par l’administration Trump. Dix sénateurs démocrates, dont Chuck Schumer, avaient alors choisi à contrecœur de voter pour le texte des républicains, afin d’éviter la paralysie fédérale. Leur choix avait provoqué de vifs remous dans le camp démocrate, de nombreux militants et sympathisants les accusant de plier face à Donald Trump et son programme jugé radical.

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Le Monde avec AFP

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