Une zone contrôlée par les rebelles du M23, à Rubaya, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), le 24 mars 2025.

L’est de la République démocratique du Congo (RDC) est le théâtre de graves violences constitutives de possibles crimes de guerre et crimes contre l’humanité « commises par toutes les parties », le Mouvement du 23 mars (M23), soutenu par le Rwanda, et l’armée congolaise ou ses affiliés, conclut le rapport d’une mission d’enquête de l’Organisation des Nations unies (ONU) publié vendredi 5 septembre.

Cette mission d’enquête des Nations unies dans les régions du Nord-Kivu et du Sud-Kivu explique que les faits établis depuis janvier « soulignent la gravité et l’étendue des violations et des violences commises par toutes les parties au conflit, y compris des actes pouvant constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ».

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L’est de la RDC, frontalière du Rwanda et au riche sous-sol, est miné par la présence de groupes armés et des conflits depuis plus de trois décennies. Les violences se sont intensifiées depuis 2021 avec la résurgence du groupe armé antigouvernemental M23 qui a pris les villes de Goma en janvier puis Bukavu en février.

Un accord de paix des gouvernements congolais et rwandais a été signé en juin à Washington, puis une déclaration de principes avec le M23 a été signée au Qatar en juillet « en faveur d’un cessez-le-feu permanent », mais la violence persiste. « Les gouvernements congolais et rwandais doivent prendre des mesures urgentes pour garantir le strict respect du droit international par leurs propres forces nationales et les groupes armés affiliés, et cesser de les soutenir », écrit la mission d’enquête, mise sur pied en février par le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme.

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Recrutements forcés et agressions sexuelles « généralisées »

La mission a pu documenter sur place l’incapacité de toutes les parties à protéger les civils, particulièrement durant la prise de Goma, ou des attaques d’écoles ou hôpitaux. Après s’être emparé de territoires, le M23 « s’est engagé dans une campagne d’intimidation et de répression violente au moyen d’exécutions sommaires, de tortures et d’autres formes de mauvais traitements », mentionne son rapport.

Le document rapporte des recrutements forcés, y compris d’enfants, et des agressions sexuelles « généralisées ». La mission a également des « motifs raisonnables de croire que des membres du M23 ont (…) commis les crimes contre l’humanité de meurtre, de privation grave de liberté, de torture, de viol et d’esclavage sexuel ».

Le Rwanda est pointé pour son soutien au M23 mais également comme « responsable des violations directement commises par ses forces armées sur le territoire de la République démocratique du Congo, y compris par son propre personnel affecté dans les camps “d’entraînement” du M23 », ajoute le document.

La RDC est également responsable des violations commises par ses militaires et par les wazalendo (ou « patriotes », des jeunes mobilisés, armés et financés par Kinshasa) et par les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) « dans la mesure où leurs membres ont agi sous sa direction ou son contrôle », souligne la mission.

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Le rapport cite des « exécutions délibérées de civils ». Elle a identifié « des cas généralisés de violences sexuelles et de pillages commis par les membres des FARDC [l’armée congolaise] et des wazalendo lors de leur retrait des lignes de front en janvier et février 2025 ».

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Le Monde avec AFP

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