Si l’époque est généreuse en coups durs et mauvaises nouvelles, nous ne pouvions pas imaginer qu’à l’approche des vacances d’été une si fracassante annonce viendrait assombrir l’horizon. A en croire quelques images et lectures récentes, le slip de bain fera en effet son grand retour sur les plages cet été. Disons-le autrement : la fête du slip est annoncée.
Ces dernières années, les choses semblaient pourtant précisément définies. Sur le sable, le short de bain faisait consensus auprès d’une foule hétéroclite de mâles attachés à une certaine discrétion et à une liberté de mouvement consistant, notamment, à regagner la location sans changer de tenue après la baignade. Le boxer était, lui, l’apanage d’une élite masculine au corps entraîné, désireuse de s’inscrire dans la lignée d’Alain Delon dans La Piscine ou de Daniel Craig en James Bond dans Casino Royale.
Marginalisé, le slip de bain ne subsistait en réalité que de façon très ponctuelle. Il pouvait ainsi apparaître, occasionnellement, sur des hommes d’âge mûr et indifférents à toute question esthétique, réduit à un microscopique triangle de couleur perdu sous une bedaine généreuse et entre deux cuisses adipeuses. A l’opposé, il subsistait aussi sur quelques bellâtres ayant en commun leur corps sublime, leur peau tannée, leur pudeur relative et leur nationalité italienne.
« Mainstreamisation » annoncée
Aujourd’hui, si la « mainstreamisation » du slip de bain est annoncée, c’est parce que le rapport au corps a changé à mesure que les réseaux sociaux ont fait de l’exhibition un mode de vie et une fuite en avant perpétuelle. Ainsi, après avoir exposé ses goûts, ses sentiments, ses amitiés et ses itinéraires Strava, que reste-t-il à montrer pour apprivoiser l’algorithme sinon un bout de cuisses musclées ou d’abdos sculptés ? L’émergence récente des tendances microshort et crop top pour homme préfiguraient évidemment celle du slip de bain.
A quelques semaines du début des hostilités, cette nouvelle tendance nous laisse aussi soucieux que dubitatifs : entre la prolifération d’inconscients portant le slip de bain avec la grâce d’un assortiment de charcuterie sous vide et la multiplication d’Apollon parfaitement entraînés au port d’une telle pièce nous renvoyant à la médiocrité de notre propre corps, quel phénomène sera le plus dur à vivre ? A ce stade, une seule certitude : vivement l’hiver !
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