Si la richesse naît incontestablement du mélange des gens et le style du mélange des genres, la question du mélange des motifs mérite d’être étudiée avec pragmatisme et précision. Il peut arriver de croiser, un jour, une femme ou un homme nous convainquant avec panache que le port conjugué des pois et des rayures ou des carreaux et des fleurs est le comble de la sophistication, puis, le lendemain, de croiser une personne nous convainquant avec le même panache que ce type de mélange mérite un traitement au pénal.

Pourquoi une telle différence ? Pourquoi « oui » un jour et « non, beurrrrk » le lendemain ? Parce que l’art du mélange des motifs est périlleux, subtil, exigeant et sans pitié. De fait, pour réussir ce tour de force stylistique, seules deux solutions s’offrent à vous. La première, et la plus simple, consiste à ménager les premier et second plans, en jouant avec les accessoires. Ainsi, sous un costume à rayures craie, une cravate à pois passera extrêmement bien. De la même façon, une chemise à carreaux tolérera très bien une association avec un bandana ou un foulard d’un quelconque motif.

Dans cette configuration, la seule subtilité à respecter sera de veiller au différentiel des proportions entre les imprimés. Ainsi, la densité de pois sur la cravate devra être différente de celle des rayures sur le costume. De même, la densité des carreaux sur la chemise devra diverger de celle du motif sur le foulard. Si vous prenez le temps de regarder, vous saurez, sans hésitation. A force de pratique, vous viendra même l’envie de passer au niveau suivant, dit « expert ».

Indifférence et aplomb

De fait, l’autre solution pour réussir le mélange des motifs consiste à assumer la violence d’un clash à armes égales. Pantalon imprimé paisley contre chemise à rayures Bengale ? Oui, cela peut marcher. Jupe à fleurs contre haut à damier ? Cela peut fonctionner aussi. Robe à pois contre veste à carreaux ? Idem. En l’occurrence, plus l’association est audacieuse, contre-intuitive et débarrassée de tout a priori quant à la complémentarité des motifs, plus l’effet désiré sera susceptible d’être atteint.

En réalité, si la beauté intrinsèque des imprimés compte forcément, la clé d’une telle association ne réside pas ailleurs qu’en votre indifférence aux jugements extérieurs et en votre aplomb flamboyant au milieu de nous autres, ternes plébéiens. Vous savez quoi ? Hâte de croiser votre chemin.

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