Dix patientes et sa nièce adolescente violées ou agressées sexuellement : l’ex-kinésithérapeuthe Valéry Gourbier, 56 ans, a été condamné vendredi à 15 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de l’Essonne, qui a pointé une « culpabilité établie » et « la multiplicité des victimes ». La cour est allée au-delà des réquisitions de l’avocat général, qui avait demandé entre 12 et 14 ans de réclusion.

Le verdict a pris en compte « le fait que vous aviez agi dans le cadre de vos fonctions dans la relation de confiance de kinésithérapeute à l’égard des victimes », de même que pour les « faits reprochés à l’égard de votre nièce », a expliqué en début de soirée le président de la cour Charles-Andor Fogarassy au condamné.

A l’annonce de la peine, des soupirs de soulagement se sont élevés des bancs des parties civiles, où étaient assises quelque-unes des victimes. Deux d’entre elles ont fondu en larmes.

Valéry Gourbier s’est également vu imposer un suivi socio-judiciaire pendant six ans, avec injonction de soins. Il lui est désormais interdit d’exercer pendant 10 ans une activité en lien avec les mineurs, et de pratiquer pendant 5 ans une activité professionnelle dans le domaine de la santé.

« Un mot : soulagement », a confié Laure (qui préfère rester anonyme), 34 ans, ex-patiente victime de viol. La peine montre « que les jurés ont compris qu’il avait menti (…), que c’était un prédateur », a-t-elle soufflé.

« Je comprends la décision de la cour », a réagi l’avocat du kiné, Me Laurent Caruso, qui a dit ne pas savoir si son client souhaitait faire appel mais a regretté que « la personnalité de M. Gourbier n’a pas été suffisamment prise en compte pour avoir peut-être une peine un peu différente ».

Avant que la cour ne parte délibérer, l’ex-soignant – désormais ingénieur en gestion des risques – a tenu à demander « pardon » aux victimes et a affirmé « assumer » le verdict à venir.

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Seize femmes ont défilé à la barre

Une première plainte avait été déposée en 2015 par une patiente. Souffrant de douleurs dorso-lombaires, celle-ci avait consulté Valéry Gourbier, l’un des deux kinés de Villiers-sur-Orge, une petite ville de l’Essonne, à une dizaine de kilomètres au sud de l’aéroport d’Orly. Au bout de quelques séances, en la massant, il l’avait violée digitalement. Il lui expliquera après les faits avoir simplement « répondu à sa demande ».

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Dix ans après, la position de l’ex-kiné a évolué. Jeudi, il a finalement reconnu cinq viols sur les sept qui lui étaient reprochés.

L’un de ces viols – sur sa nièce âgée de 16 ans – datait de février 2007, lors de vacances en Savoie. Les autres ont été commis sur des patientes, dans son cabinet, entre 2013 et 2015. L’homme comparaissait également pour huit agressions sexuelles sur des patientes.

Au cours de l’audience, ouverte mardi, seize femmes ont défilé à la barre. Certaines n’étaient pas parties civiles à la procédure, soit parce que les faits qu’elles dénonçaient étaient prescrits, soit parce qu’il n’existait pas suffisamment de preuves les concernant. Tant de récits similaires, parfois identiques, qui ont peint par petites touches le portrait d’un « violeur en série », comme l’a qualifié l’avocat général Olivier Léonard de Juvigny dans son réquisitoire.

Valéry Gourbier « sort du cadre médical, humilie ses patientes culotte baissée, il en fait des objets sexuels, il les manipule à sa guise et les pénètre par surprise, il profite de leurs problèmes de santé, de leur sidération », en un mot « il trahit la confiance qu’elles mettaient dans sa profession », avait résumé le représentant du ministère public.

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Le Monde avec AFP

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