Lorsque la cliente d’un institut de beauté demande réparation d’un préjudice corporel survenu à l’occasion de soins esthétiques, elle doit prouver le lien de causalité qui existe entre les deux, comme le montre l’affaire suivante.

Le 5 juillet 2017, Mme X, 39 ans, se fait faire une « épilation du maillot » chez Annecy Body, où elle dispose d’un abonnement depuis 2008. Elle rentre chez elle en se plaignant d’avoir été brûlée par la cire, qui avait été, malgré ses protestations, portée à une température excessive.

Le 16 juillet 2017, le service des urgences de la clinique générale d’Annecy (Haute-Savoie) lui délivre un traitement antibiotique. Le 18 juillet, son gynécologue lui prescrit des examens. Le 11 août, son dermatologue met en exergue la présence de « lésions érythémateuses et prurigineuses ».

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Il pratique une biopsie qui lui permet de diagnostiquer un psoriasis génital. A plusieurs reprises jusqu’en octobre 2017, Mme X se rend chez son médecin traitant, pour des lésions dermatologiques du siège et du pubis. Elle décide alors d’assigner l’institut de beauté et son assureur, pour obtenir réparation de son préjudice. Annecy Body et Axa France IARD contestent tout lien de causalité entre les soins et le psoriasis.

« Problèmes dans le couple »

Ils en veulent pour preuve, notamment, les longs délais qui se sont écoulés entre ceux-ci et le rendez-vous à la clinique (onze jours) ou la consultation du dermatologue (plus d’un mois). Ils soulignent le fait qu’un expert, désigné en référé, a conclu qu’« il est difficile de trancher de manière certaine sur la responsabilité de l’acte esthétique sur l’apparition du psoriasis (qui peut être multifactoriel) ».

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Le même expert a pourtant déclaré que « la survenue concomitante du psoriasis après la séance d’épilation et sa persistance sur la même zone suggèrent une relation directe entre la dermatose et l’acte d’épilation ». De plus, les brûlures sont localisées à l’endroit ou l’épilation litigieuse a été pratiquée. Enfin, les nombreuses attestations versées aux débats attribuent les souffrances physiques de l’intéressée à sa séance d’épilation. Son époux notamment lui impute « les gros problèmes survenus dans leur couple », puisque Mme X n’a plus pu avoir de rapports sexuels jusqu’en septembre 2018.

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