Emmanuel Macron, lors d’une conférence de presse à l’Elysée, à Paris, le 13 juin 2025.

Après une première réunion, qui s’est tenue à la fin de mai et a été jugée insatisfaisante par le chef de l’Etat, qui avait alors demandé au gouvernement de formuler « de nouvelles propositions », Emmanuel Macron a convoqué un nouveau conseil de défense et de sécurité nationale sur « l’entrisme » des Frères musulmans, lundi 7 juillet.

La rencontre se tiendra en fin de matinée à l’Elysée, a déclaré l’entourage du président à l’Agence France-Presse (AFP), confirmant une information du Figaro, sans autre précision. D’après le quotidien, y sont attendus le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, sa collègue de l’éducation, Elisabeth Borne, mais aussi la ministre des sports, Marie Barsacq. Il n’est pas certain que cette réunion fasse l’objet d’un communiqué.

Le précédent conseil de défense consacré au sujet avait tourné au recadrage, M. Macron s’étant agacé que le rapport qu’il avait commandé sur le sujet ait fuité dans la presse avant cette réunion. « Compte tenu de l’importance du sujet et de la gravité des faits établis, il a demandé au gouvernement de formuler de nouvelles propositions », avait alors déclaré l’Elysée.

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Vives réactions politiques

Le rapport faisait état d’une « menace pour la cohésion nationale » avec le développement d’un islamisme « par le bas » de la part des Frères musulmans. Née en 1928 en Egypte, la confrérie des Frères musulmans porte le projet d’un islam politique conservateur. Le mouvement a été interdit dans plusieurs pays, comme l’Arabie saoudite, l’Egypte et plus récemment la Jordanie.

Présentée comme « la branche nationale des Frères musulmans en France », l’association Musulmans de France a, pour sa part, vivement dénoncé des « accusations infondées » et mis en garde contre des « amalgames dangereux ». Le Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l’islam tombée en disgrâce en 2021, a, lui aussi, exprimé sa « profonde inquiétude face aux possibles dérives et instrumentalisations des données ».

En France, il existe « dans certains quartiers » des phénomènes d’entrisme « identifiés », avait affirmé M. Macron dans la foulée du premier conseil de défense, tout en appelant à ne pas « penser qu’il y en a partout, parce que ça peut rendre complotiste ou paranoïaque ». C’est précisément ce que lui reproche à gauche, La France insoumise, dont le coordinateur national, Manuel Bompard, a encore dénoncé lundi sur TF1 une volonté de « pointer du doigt les Français de confession musulmane ».

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Avant même sa publication officielle, alors que bribes alarmistes du rapport avaient fuité par voie de presse, les politiques ont rivalisé de réactions et de propositions. En premier lieu, le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau – depuis élu président des Républicains –, qui a dit vouloir « s’attaquer aux écosystèmes islamistes ». Les pistes qu’il a avancées prennent la forme d’une réorganisation administrative, avec la création d’un rôle de « chef de file » en matière de renseignement, ou encore d’un « parquet administratif » capable par exemple de prononcer des dissolutions.

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Des « mesurettes administratives » rejetées en bloc par la cheffe de file du Rassemblement national, Marine Le Pen, qui avait réclamé d’aller « chercher, dénoncer, débusquer, couper les financements, interdire les publications » de cette « idéologie totalitaire ».

Mais l’idée qui avait fait le plus réagir venait de Renaissance. Son secrétaire général, Gabriel Attal, à l’origine de l’interdiction de l’abaya à l’école, a déclaré souhaiter interdire le voile dans l’espace public pour les mineures de moins de 15 ans, causant des crispations dans les rangs de son propre camp.

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Le Monde avec AFP

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