Mercredi 30 octobre, les images de la catastrophe tournent en boucle à la télévision : la ville où Loyola Pérez de Villegas Muñiz a grandi, Torrent, ainsi que les villes de ses amis (Paiporta, Picanya, Aldaia, Catarroja…) sont touchées de plein fouet par les inondations. Le lendemain, la photographe commence à documenter cette crise sans précédent. Née en 1995 à Valence (Espagne), Loyola Pérez de Villegas Muñiz travaille sur des problématiques sociales en Espagne et à l’étranger pour des médias locaux et des agences internationales. Dans un entretien au Monde, elle revient sur son travail de terrain et les conséquences des inondations dans sa région d’origine.

Comment s’est déroulé le travail sur le terrain à votre arrivée ?

Il était difficile d’atteindre les zones touchées, tout était inondé et rempli de boue. Avec le reporter du Monde Luc Bronner, nous nous garions généralement près d’une route ouverte et nous marchions à partir de là dans les localités touchées. Comme nous sommes arrivés le deuxième jour après les inondations, l’organisation n’était pas encore très bonne, nous avons pu accéder à certains lieux qui, quelques jours plus tard, n’auraient pas été accessibles.

L’atmosphère était chaotique, des centaines de personnes dans les rues, des camions de pompiers, des policiers, des hélicoptères, des dizaines de voitures empilées les unes sur les autres. La plupart du temps, il n’y avait pas de réseau. A Valence, de l’autre côté du ravin qui sépare la ville des localités touchées, la vie continuait comme si rien ne s’était passé.

En quoi le fait d’être originaire de Valence et de vivre à proximité de la catastrophe a-t-il influencé votre travail sur le terrain ?

C’était sans aucun doute le plus grand défi pour moi. J’ai l’habitude de travailler sur des sujets qui, malgré leur dureté, ne me touchent pas personnellement. Mais cette fois-ci, c’était différent. J’ai fait de mon mieux pour me détacher émotionnellement des maisons, des villes et des entreprises de mes amis, toutes détruites par l’eau.

Le fait de rencontrer des proches touchés, dévastés par leurs pertes et encore choqués, me ramenait sans cesse à mes racines et à tous les souvenirs passés dans ces lieux avant qu’ils ne disparaissent. Je pense que cela m’a également motivée à faire mon travail du mieux que je pouvais, car j’avais le sentiment de leur être redevable. J’étais sans cesse partagée entre le fait de vouloir tout photographier et l’envie de prendre un balai et enlever la boue, mais je savais aussi qu’à ce moment-là, les mots de Luc accompagnés de mes photographies étaient la meilleure aide que je pouvais leur apporter.

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