En cette matinée ensoleillée d’avril, une foule nombreuse attend son roi près du dzong de Paro, monumentale forteresse dominant la piste de l’aéroport de cette ville, seul point d’accès aérien au royaume himalayen du Bhoutan. C’est un jour de liesse : à l’extérieur du grand bâtiment d’aspect médiéval, défendu par de hautes murailles blanches, des moines masqués s’apprêtent à danser et à tournoyer durant le Tsechu, le grand festival annuel dédié aux enseignements de Padmasambhava, fondateur vénéré du bouddhisme tibétain.

Femmes rayonnantes dans leurs kira, pièce de tissu enroulée autour du corps ; hommes sanglés dans le gho, costume fait d’une sorte de robe serrée à la taille laissant les jambes dénudées ; déroulement, à flanc de colline, d’une grande thangka de soie représentant la figure débonnaire de Padmasambhava, le grand saint qui, selon la légende, importa au VIIIe siècle la religion de l’Eveillé au Bhoutan, tout en chevauchant, pour ce voyage inaugural, une divinité transformée en tigresse volante… Sous le soleil brûlant, à une altitude de 2 400 mètres, la scène du Tsechu est presque onirique, donnant le sentiment au voyageur d’être arrivé au Tibet – situé juste au nord –, mais dans une période précédant l’invasion chinoise de 1950…

Très soucieux de revendiquer sa singularité, le Bhoutan reste fortement influencé par une civilisation tibétaine pluricentenaire. Le royaume partage avec son voisin une langue appartenant à la même famille linguistique et une même religion – le bouddhisme vajrayana, celui pratiqué au Tibet –, sans parler d’un certain nombre de traits culturels apparentés.

Utopie urbaine

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