
Une fois encore, il a assisté à l’audience. Comme à chaque fois, Hüseyin a pris sa voiture pour faire les deux bonnes heures de trajet qui séparent son domicile du centre pénitentiaire de Silivri, en lointaine banlieue d’Istanbul. Et, comme à chaque fois, ce quinquagénaire aux yeux bouffis de fatigue, qui préfère rester anonyme, a réussi à se glisser dans les travées du tribunal pour voir arriver Ekrem Imamoglu sous les acclamations de la foule, toujours aussi dense. En chœur avec les autres, il a scandé à tue-tête devant les juges, auditionnant pour la énième fois le maire de la mégapole du Bosphore : « Président Imamoglu ! »
Voilà plus de six mois que le rival le plus dangereux du président, Recep Tayyip Erdogan, a été incarcéré. Six mois qu’il a été désigné par sa formation, le principal parti de l’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), candidat à la présidence du pays et qu’il croule sous les procédures. Une dizaine de procès auraient été engagés contre lui, personne ne sait très bien. Même ses avocats et soutiens les plus fervents, comme Hüseyin, ont du mal à tenir un décompte précis.
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