La politique du « deux poids, deux mesures » semble être devenue la norme dans le domaine de la liberté académique. Le gouvernement français s’offusque, à juste titre, de ce qu’il se passe aux Etats-Unis et propose d’accueillir les chercheurs américains. Seulement, les moyens financiers du programme d’accueil des universitaires en danger (le Pause), créé en 2017 dans le but de soutenir les chercheurs contraints à l’exil, restent très insuffisants au regard de la multiplication des foyers de crise. De leur côté, les chercheurs en sciences sociales sont toujours exclus du programme « Choose France For Science ».
On médiatise les assauts de Donald Trump et d’Elon Musk contre les programmes de recherche sur le climat, l’environnement, les maladies infectieuses, la diversité ou les études de genre, mais on évoque beaucoup plus rarement les atteintes à la liberté académique qui ont lieu partout dans le monde non occidental, souvent pensé comme subalterne. Qui a entendu parler, dans le cadre du procès tunisien pour « complot contre la sûreté de l’Etat », des peines de prison dont ont écopé 40 accusés, tous jugés coupables sans même avoir été auditionnés et sans que leurs avocats n’aient pu plaider ? Qui a entendu parler de la peine de trente-trois ans de prison requise contre le chercheur franco-tunisien Hamza Meddeb ?
Les journaux ont parlé des militants politiques, avocats, juges, journalistes et hommes d’affaires accusés, mais pas de ce chercheur, qui a travaillé pour l’université européenne de Florence, en Italie, et la Fondation Carnegie. Reconnu internationalement pour ses analyses sur l’économie politique, l’islam politique et les migrations, Hamza Meddeb a toujours tenu à poursuivre des recherches indépendantes dans son pays natal.
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