Le gouvernement parle du nécessaire « réarmement démographique » de la France, mais délaisse le demi-million d’enfants qui vivent en Seine-Saint-Denis, le département de métropole où le taux de natalité est le plus élevé mais le moins bien doté en moyens pour les enfants.

Les conditions de vie y sont difficiles : 15 % des familles sont monoparentales, selon les chiffres de l’Insee, et le mal-logement est un enjeu massif. Les mères seules ont en majorité des métiers aux horaires exigeants, dans des lieux éloignés de leur domicile, qui les obligent à s’absenter tôt le matin ou tard le soir. Elles sont mal payées. Le taux de pauvreté des enfants y est le plus élevé de France. Les écoles sont peu entretenues, et les classes sont surchargées.

Face à ces difficultés, l’éducation nationale, débordée et sous-dotée en Seine-Saint-Denis, demande de plus en plus de « certificats MDPH », destinés à la Maison départementale des personnes handicapées, de sorte à obtenir la venue en classe d’accompagnants des élèves en situation de handicap. Ces « aides humaines », chargées d’aider les enfants mais aussi les enseignants, sont en nombre insuffisant, doivent partager leur temps entre plusieurs enfants et sont elles-mêmes précaires et mal rémunérées.

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Pour prendre le relais des défaillances de l’école publique, c’est donc toute une cohorte d’enfants qualifiés d’« handicapés » que nous « fabriquons » dans le département. Nous ne devons pas nier qu’effectivement, les enfants qui cumulent des difficultés sociales, familiales, un manque d’accès à l’éducation dans de bonnes conditions, aux services de protection de l’enfance et aux soins développent de réels troubles psychiques et développementaux.

Services saturés

L’aide sociale à l’enfance est débordée ; les éducateurs surchargés de situations difficiles craquent et partent. Les postes sont vacants. Les foyers d’accueil de la protection de l’enfance sont pleins, et les professionnels n’arrivent plus à gérer les enfants. Les ruptures d’accueil, et donc de lien, s’enchaînent pour des enfants déjà fragilisés par des parcours de vie difficiles qui ont abouti à leur placement par les services de protection de l’enfance. La Seine-Saint-Denis a très peu de médecins généralistes, et s’impose comme le « premier désert médical de France », beaucoup d’enfants n’ont pas de médecin traitant, et le taux de mortalité infantile y est extrêmement préoccupant.

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