
Le vigneron, sa fille et eux. Ça pourrait être le titre d’un conte ancien. C’est celui d’une histoire de notre époque, qui se passe à Fréterive (Savoie), entre le massif des Bauges et la rivière Isère. En ce milieu d’après-midi de mai, le soleil chauffe le coteau exposé plein sud. Adama, qui a souhaité que son prénom soit modifié, est accroupi dans les vignes. D’un geste sûr et rapide, le jeune Ivoirien, âgé de 24 ans et arrivé en France quand il en avait 15, retire méthodiquement certaines tiges du cep. « Je suis en train d’ébourgeonner, détaille-t-il. Il faut enlever les branches trop serrées entre elles pour aérer le cep. »
Le sol en pente rend le travail « difficile » et fait souffrir ses genoux. Adama est en situation irrégulière. Quelques rangs plus loin, Shakro et Giorgi, tous deux géorgiens, se sont également vu refuser une carte de séjour et se trouvent tous les deux dans une impasse administrative : le premier, faute de papiers en règle, fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), le second doit pointer trois fois par semaine à la gendarmerie du village.
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