Alexandre Skobov a été condamné, le 21 mars, par un tribunal militaire de Saint-Pétersbourg, à seize ans de prison pour « apologie du terrorisme » et « participation aux activités d’une communauté terroriste ». En réalité, c’est son opposition à la guerre contre l’Ukraine qui lui vaut cette condamnation. Skobov est un dissident qui lutte contre le totalitarisme depuis ses 19 ans, au temps de Brejnev. Il a connu la prison et l’internement punitif en hôpital psychiatrique.
Skobov est un commentateur politique et un penseur qui a livré une analyse précise et lucide de la nature du régime de Poutine en appelant à une résistance résolue, à un moment où nombreux étaient ceux qui se berçaient encore d’illusions, en Russie comme en Occident. Skobov a refusé l’émigration pour rester fidèle à lui-même, pour livrer son dernier combat et accomplir un devoir de solidarité avec les jeunes résistants partis combattre dans les rangs des forces armées ukrainiennes, ou envoyés dans des camps suite à des actions de sabotage en territoire russe.
Skobov est un publiciste qui, contrairement à la majorité de ses collègues des médias russes dits « indépendants », a refusé par principe de se soumettre aux lois répressives restreignant la liberté d’expression, et ce bien avant 2022. Rejetant l’autocensure, Skobov ne craignait pas d’utiliser les mots « annexion » ou « agression », et qualifiait Poutine de « nouveau Hitler ». Lors de son procès, il a refusé de se plier aux règles du jeu, déclarant : « Je ne reconnais pas et je ne respecte pas votre tribunal. » Il s’en est pris à « cette clique au pouvoir qui pue les cadavres : dans la préparation, le déclenchement et la conduite d’une guerre d’agression, dans les crimes de guerre en Ukraine, dans la terreur politique en Russie, dans la corruption de mon peuple », avant de conclure en criant : « Gloire à l’Ukraine ! »
« L’alliance de deux prédateurs »
Skobov fait tout ce qui est en son pouvoir pour que les « valeurs de 1945 » en Europe ne soient pas abandonnées sans combat. Il s’oppose à toute « normalisation » de l’inacceptable, milite pour une défaite militaire totale et un « démantèlement de la Russie nazie », plaide en faveur de frappes en profondeur sur le territoire russe, pour une participation directe de l’Occident à la guerre aux côtés de l’Ukraine et pour une lutte armée contre la tyrannie poutinienne à l’intérieur même de la Russie.
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