Sur la langue de bitume qui mène, 150 kilomètres plus à l’ouest, à la capitale congolaise, les bérets rouges du colonel Matambwe défilent avec la jeunesse de la petite cité de Bankana. Une marche de santé organisée « contre le tribalisme et pour encourager le dialogue entre civils et militaires », précise l’officier de la garde républicaine – corps d’élite chargé de la sécurité du chef de l’Etat – Félix Tshisekedi.

Depuis mars, les affrontements ont baissé en intensité dans cette région déchirée par trois années de violences entre les communautés téké et yaka. Les forces armées congolaises, déployées en 2022 pour contenir les attaques, ont reçu l’ordre de ne plus pourchasser les Mobondo, ces milices populaires recrutant essentiellement au sein de la communauté yaka – responsables d’exactions contre les populations civiles. Mais ce conflit, nourri de différends coutumiers, responsable de plusieurs centaines de morts, n’est ni éteint, ni réglé.

La communauté yaka dénonçait une répartition inéquitable des terres des plateaux Batéké, vaste zone agricole bordée au nord par le fleuve Congo, au carrefour des provinces congolaises du Maï-Ndombe, du Kwilu, du Kwango et à la périphérie de Kinshasa. « Le déclencheur a été l’augmentation des taxes foncières imposées par les chefs coutumiers téké, qui contrôlent les terres », explique John Elanga, chargé des urgences chez Caritas international. Des membres de la communauté yaka se sont organisés en milice, les Mobondo. Armés de machettes et de fusils, ils ont attaqué les symboles de l’autorité et tué des centaines de Téké. Le conflit, alimenté par un cycle de vengeances intercommunautaires, apparu en juin 2022 dans les environs de la ville de Kwamouth, sur les rives du Congo, a essaimé sur cet espace proche de la capitale Kinshasa.

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