
Au moins 89 personnes ont été tuées dans la nuit du lundi 8 au mardi 9 septembre dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) au cours de deux attaques simultanées menées par des rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF) et visant principalement des civils, a-t-on appris de sources locales et sécuritaires. Ces attaques perpétrées par deux groupes des ADF, qui ont prêté allégeance à l’organisation Etat islamique (EI), ont été conduites dans deux villages de la province du Nord-Kivu distants d’environ 125 kilomètres.
A Ntoyo, au moins 71 personnes ont été tuées, selon un bilan communiqué mardi à l’Agence France-Presse (AFP) par des sources sécuritaires et locales. Mercredi, le bilan d’une seconde attaque est d’au moins 18 morts dans le village de Fotodu, à environ 25 kilomètres au nord de la ville de Beni. Les ADF y « ont tué 18 personnes » lundi soir, a affirmé à l’AFP, mercredi, Kinos Katuo, président de la société civile locale. Le bilan a été confirmé par des sources sécuritaires.
Mercredi à Ntoyo, 25 victimes de l’attaque de lundi ont été inhumées sous une pluie battante, a constaté un journaliste de l’AFP. Plusieurs corps gisaient encore dans ce village, situé à une centaine de kilomètres au nord-ouest de la ville de Butembo et quasiment vidé de ses habitants, tandis que des jeunes s’activaient à creuser des tombes sous la garde de militaires congolais. La plupart des victimes ont été tuées par balles ou brûlées dans leur maison, d’après des responsables locaux.
Massacres répétés
Des proches de victimes ont accusé les autorités d’« inaction » : les armées congolaise et ougandaise, déployées au sein d’une opération conjointe contre les ADF depuis 2021, ne parviennent pas à endiguer les tueries de civils. Des militaires congolais occupaient une position à environ 7 kilomètres de Ntoyo au moment de l’attaque, dans la cité minière de Manguredjipa, mais ils ne sont pas intervenus à temps, selon des sources locales et sécuritaires. « Il est incompréhensible que, malgré la présence de militaires, l’ennemi continue de tuer la population », s’est insurgé auprès de l’AFP Samuel Kakule, président de la société civile locale.
Après plusieurs mois d’une relative accalmie, les ADF ont tué plus de 150 civils depuis la fin de juillet dans des massacres répétés commis dans les provinces voisines du Nord-Kivu et d’Ituri. En août, les rebelles avaient déjà tué plus de 52 personnes dans la zone des dernières attaques.
L’est de la RDC, où une multitude de groupes armés et de milices sont présents, est en proie à des violences depuis trente ans. En dehors de la zone d’activité des ADF, le Mouvement du 23 mars (M23), soutenu par le Rwanda, s’est emparé en janvier et février de vastes pans de territoire dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu. La signature d’un accord de principe entre ce groupe armé et Kinshasa, poussée par de récentes initiatives diplomatiques – notamment du Qatar et des Etats-Unis –, n’a pas amélioré la situation sécuritaire et humanitaire sur le terrain.