
Ce n’est pas tous les jours qu’un Etat juge l’un de ses anciens présidents. Le procès de l’ex-dirigeant de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, devant la haute cour militaire pour « complicité » présumée avec le groupe armé rebelle Alliance Fleuve Congo-Mouvement du 23 mars (AFC-M23) aurait pu, à ce titre, être historique. Mais en l’absence de l’accusé, parti en exil, et sans avocat pour le défendre à l’issue d’une instruction bâclée, ce procès expéditif laisse un goût d’inachevé.
Mardi 30 septembre, Joseph Kabila – président de 2001 à 2019 – a été condamné à la peine de mort, conformément aux réquisitions du lieutenant général Jean-René Likulia Bakulia, représentant du ministère public. Les accusations étaient lourdes : « trahison », « participation à un mouvement insurrectionnel », « crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité », « homicide intentionnel par balles », « viol », « torture », « déportation » et « occupation par la force » d’une partie de l’est de la RDC, passée en début d’année 2025 sous le contrôle de l’AFC-M23.
Autant de charges qui reposent implicitement sur l’autorité, directe mais supposée, qu’exercerait Joseph Kabila sur la rébellion. Le pouvoir congolais le soupçonne en effet d’être derrière le mouvement armé depuis sa résurgence en novembre 2021, après dix ans de sommeil. Et donc de porter une part de responsabilité des crimes de guerre – voire contre l’humanité – commis par les insurgés et relevés par des organisations de défense des droits humains. Pour l’auditeur général Jean-René Likulia Bakulia, il ne fait aucun doute que « c’est lui, le boss [du M23] ».
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