Aux confins de la Pologne, sur les rives venteuses de la mer Baltique, une nouvelle base militaire aux capacités aussi discrètes que stratégiques est officiellement passée, le 13 novembre, sous commandement de l’OTAN. Pas de troupes ni de hangars imposants sur ce site de Redzikowo, qui porte le nom d’une bourgade isolée située à 160 kilomètres à l’ouest de l’enclave russe de Kaliningrad. Cette enceinte, que Le Monde a pu visiter le 16 décembre, se résume à une vaste étendue de pelouse avec planté au milieu, telle une vigie, un énorme radar entouré de silos de missiles intercepteurs.
Le minimalisme du site de Redzikowo, qui ne dispose que d’une cinquantaine de militaires et de 200 civils pour le faire fonctionner, est toutefois inversement proportionnel à ses ambitions. Avec cette base, l’Alliance atlantique dispose désormais d’un élément majeur pour sa défense antimissile. Des outils inaugurés alors que Varsovie est devenue la principale base arrière des Occidentaux pour l’aide militaire à l’Ukraine, et que Moscou agite de plus en plus la menace balistique, comme le 21 novembre lors du tir inédit d’un missile de portée intermédiaire, baptisé Orechnik.
Avec son radar et ses intercepteurs, la base de Redzikowo doit offrir une vaste bulle de protection antiaérienne et antimissile au-dessus du territoire polonais, mais aussi, potentiellement, sur tout le flanc est de l’OTAN. Le système Aegis Ashore qui l’équipe est opéré par la marine américaine, et fonctionne en lien avec une cinquantaine de croiseurs et destroyers américains également dotés du système. Une fois déployés en mer, ces bâtiments peuvent agrandir la bulle de protection. Washington complète le Dôme de fer israélien depuis le début de la guerre avec le Hamas. Ces derniers mois, plusieurs missiles balistiques iraniens tirés en direction d’Israël ont ainsi été stoppés par des navires naviguant en Méditerranée orientale.
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