Le 18 mai, les résultats du premier tour de l’élection présidentielle en Pologne, dont le second tour a lieu dimanche 1er juin, ont causé la surprise, voire la stupéfaction. Non seulement le candidat libéral, Rafal Trzaskowski, considéré comme largement favori tout au long de la campagne, s’est retrouvé talonné par son rival ultraconservateur, Karol Nawrocki – respectivement 31,3 % et 29,5 % des voix –, mais l’extrême droite a enregistré une percée jamais vue depuis la chute du communisme.

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Slawomir Mentzen, représentant du parti libertarien nationaliste Konfederacja, a obtenu 14,8 % des suffrages, et Grzegorz Braun, un royaliste ouvertement antisémite et homophobe, 6,3 %. Cette irruption a un caractère spectaculaire chez les 18-29 ans, qui se sont rendus massivement aux urnes, plus que n’importe quelle autre tranche d’âge. Slawomir Mentzen y culmine à 35 % des voix, le représentant de la gauche radicale, Adrian Zandberg, à 19 % (contre 4,8 % pour l’ensemble des votants). Grzegorz Braun enregistre 5 %.

Le parti Droit et justice (PiS), soutien de Karol Nawrocki, s’étant au fil des années tourné vers un nationalisme décomplexé, les partis de droite extrême cumulent près de 53 % des suffrages. Chez les jeunes, le vote contestataire atteint 60 % des voix, dont 40 % pour l’extrême droite. Faut-il pour autant voir dans ces scores la poussée d’une « vague brune » dont l’ampleur s’apprêterait à engloutir le paysage politique ? Dans les détails, ces résultats méritent d’être nuancés.

Vote contestataire

Toutes les études indiquent que l’électorat de Konfederacja, essentiellement jeune et masculin, n’est pas un bloc idéologique monolithique. Il est volatil et le vote contestataire l’emporte souvent sur les considérations idéologiques. De nombreux électeurs ont ainsi été séduits par les promesses ultralibérales de Slawomir Mentzen (« zéro impôts », « Etat minimum », etc.), ignorant d’autres aspects de son projet. Un phénomène amplifié par une campagne très efficace sur les réseaux sociaux, où les courtes vidéos sur TikTok et leurs messages percutants se sont révélés plus efficaces que bien des discours et entretiens télévisés.

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