La table est dressée sous l’érable, devant la grande bâtisse normande, pour « grignoter vite fait ». Dans la cuisine, les pitas au levain grillent sur le poêle, on ouvre des bocaux, on remplit des bols de petits légumes crus et cuits, de ricotta, mozzarella, pickles, pesto de fanes… Alice Roca revient du potager avec un panier chargé de jeunes salades et d’herbes aromatiques.

Bientôt la table se couvre de petites victuailles fraîches et variées, disposées dans les plats élégamment rustiques de la céramiste Marion Graux. Les enfants grimpent sur le banc, les adultes s’installent et se servent une infusion fraîche ou un kéfir aux fleurs de sureau. Chacun se fabrique son assiette, avec les ingrédients de son choix. On se croirait dans les pages d’un magazine d’art de vivre.

C’est l’ambiance quotidienne de cette maison où Alice Roca et son épouse, Lital Roca Sarfati, se sont installées il y a un peu moins de dix ans. La vieille ferme est la maison natale de Lital, que le couple a rachetée à la mère de celle-ci. « Quand ma belle-mère a perdu son mari, raconte Alice Roca, elle a mis la maison en vente. C’était une décision difficile, cela ne se vendait pas. Et soudain l’idée de la lui racheter est tombée sous le sens. Nous adorions cette maison, nous avions envie de faire grandir nos enfants à la campagne. »

« La sorcière des ferments »

Quelques gros travaux (notamment dans la cuisine, devenue vaste, centrale et élégante), et voilà la demeure métamorphosée à l’image du couple. Alice Roca, styliste de mode, y déploie ses talents de cuisinière et un incroyable sens du décor, mais aussi un mode de vie connecté à la nature et aux saisons. Car, ici, le jardin nourrit la famille. Quasiment tous les fruits et légumes qui arrivent sur la table sont issus du potager, caché derrière un muret au fond du jardin : courgettes, concombres, fenouils, haricots, choux divers, salades, framboises, fraises, cerises, herbes aromatiques… Qu’Alice Roca cuisine de mille manières et fait fermenter à toutes les sauces.

Sa stagiaire, Hélène, l’a d’ailleurs surnommée « la sorcière des ferments ». « J’ai commencé à explorer la fermentation, et surtout la lactofermentation, pour faire une cuisine vivante, saine et nourricière, précise-t-elle. Mais l’ampleur que la fermentation a prise dans ma vie est liée au jardin, car, quand tu as un potager et que tu as subitement une abondance de produits, se pose forcément la question de la conservation. La lactofermentation est une formidable gestion de l’abondance. »

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