Devant la librairie de la rue Allenby, dans le centre-ville de Tel-Aviv, deux hommes armés montent la garde. Pour fêter ses dix ans d’existence, jeudi 6 février, le festival du film documentaire Akevot a organisé une conférence sur le « silence » imposé dans la culture israélienne. « Mais nous avions peur d’être attaqués physiquement après avoir reçu des menaces », déclare Lior Yavne, l’organisateur de l’événement, pour justifier la présence d’une équipe de sécurité qui veille sur la cinquantaine de chaises en plastique disposées devant une scène improvisée. Plusieurs militants d’extrême droite, qui ont décrit cette discussion comme « anti-israélienne », avaient promis de perturber la rencontre.

Une partie des intimidations, amplifiées par les réseaux sociaux, concernait le film The Governor (Le Gouverneur, en VF), de Danel Elpeleg. Dans ce long-métrage, la réalisatrice utilise des archives inédites pour révéler la violence exercée par son grand père, Zvi Elpeleg, gouverneur militaire responsable de la population palestinienne, notamment à Gaza, après la création de l’Etat d’Israël, en 1948. « Je voulais faire un parallèle avec ce qui se déroule depuis seize mois dans la bande de Gaza », décrit la cinéaste, micro en main, face à la trentaine de personnes dans le public.

Le 11 décembre 2024, la projection de ce documentaire à la cinémathèque de Tel-Aviv a été interdite à la demande du Conseil du film, une institution gouvernementale. Dans la foulée, Miki Zohar, le ministre de la culture, a publiquement demandé à Bezalel Smotrich, ministre des finances d’extrême droite, de supprimer les financements du célèbre cinéma. Entre des étagères de livres et un buffet de chips accompagnés de jus de fruits, Hagit Ben-Yaakov, la modératrice de la discussion, confie : « les limites de ce qui est considéré comme tabou s’étendent un peu plus chaque jour. »

Il vous reste 76.04% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
Exit mobile version