
« La liberté et l’amour ne peuvent être interdits ! » : le message s’affiche en grand dans une capitale hongroise en pleine effervescence, où journalistes et élus étrangers se sont déplacés en nombre. Budapest se prépare à accueillir, samedi 28 juin après-midi, un nombre record de participants à la Marche des fiertés, prêts à braver l’interdiction de l’évènement par la police hongroise, une régression inédite des droits LGBT+ dans l’Union européenne (UE).
Plus de 35 000 personnes sont attendues au point de rassemblement, près de l’hôtel de ville de la capitale hongroise, avant le départ du cortège prévu à 15 heures. Le dirigeant nationaliste Viktor Orban veut éviter les images de répression violentes : vendredi, il a écarté toute intervention des forces de l’ordre, tout en menaçant les gays, lesbiennes et transgenres de conséquences légales a posteriori.
Car dans toute l’Europe, les yeux seront braqués sur ce pays de 9,6 millions d’habitants qui s’est attiré les foudres de la Commission européenne avec ce bannissement rappelant ceux de Moscou en 2006 et d’Istanbul en 2015. « Cette année, la Budapest Pride n’est pas seulement une fête, c’est une prise de position internationale forte », estime la présidente de la Pride de Budapest, Viktoria Radvanyi.
Vague de soutiens européens
Après le soutien affiché par 33 pays au rassemblement, alors que l’interdiction de la Marche des fiertés par le gouvernement viole les traités européens signés par la Hongrie lors de son adhésion à l’UE en 2004, le ministre de la justice a prévenu les diplomates en poste à Budapest que s’ils participaient à cet événement interdit, ils devraient en assumer les conséquences.
Au moins 70 eurodéputés ont annoncé leur présence « pour dire à Viktor Orban qu’on ne tolérera pas qu’il démantèle le projet européen et qu’il foule aux pieds les droits fondamentaux », selon les mots du Français, Raphaël Glucksmann, qui a appelé l’UE à « mettre un stop » au dirigeant nationaliste.
Des caméras ont été installées le long du parcours et la reconnaissance faciale pourrait permettre aux autorités de distribuer des amendes pouvant aller jusqu’à 500 euros, tandis qu’organiser ou appeler à y participer est passible d’un an de prison.
Outre la loi du gouvernement Orban adoptée mi-mars et visant à bannir de tels rassemblements, ce dernier est allé jusqu’à modifier la Constitution pour assurer ses arrières. Il y affirme l’intérêt supérieur de l’enfant pour justifier sa remise en cause de la liberté de manifester. Selon lui, il ne faut pas exposer les mineurs à l’homosexualité et à la transidentité, et encore moins à des scènes de « débauche ».
Contre-manifestants d’extrême droite attendus
Défiant l’interdiction, les organisateurs et le maire écologiste de Budapest, Gergely Karacsony, ont décidé de maintenir la Pride, estimant qu’un tel événement municipal ne nécessitait pas d’autorisation officielle.
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Des contre-manifestants d’extrême droite ont eux obtenu l’autorisation de défiler au même endroit, et ont placé une croix en face du lieu du départ.
Avant son retour au pouvoir en 2010, la Hongrie était l’un des pays les plus progressistes de la région : l’homosexualité y avait été dépénalisée dès le début des années 1960 et l’union civile entre conjoints de même sexe reconnue dès 1996. Mais le chef de gouvernement, chantre de l’illibéralisme, a petit à petit changé la donne et s’est attaqué aux droits de la communauté LGBTQ+.
Les marches des fiertés sont organisées par des associations, souvent en juin, en lien avec les émeutes de Stonewall, mobilisation fondatrice du mouvement LGBTQ+, qui a eu lieu dans la nuit du 27 au 28 juin 1969, à New York, après une descente de police dans un bar gay. Un cortège arc-en-ciel traversera aussi Paris samedi.