Le pape « démontre un réalisme politique »

En définitive, que retenir de ces cinq jours du pape au Moyen-Orient ? Au terme de ce premier voyage pontifical de Léon XIV, les observateurs saluent largement le message de paix diffusé par le souverain pontife, tout en soulignant sa prudence.

Le pape « cherche à éviter à tout prix que ses mots puissent être instrumentalisés par n’importe qui, analyse pour Le Monde le vaticaniste Giovanni Maria Vian. Ça peut paraître un peu banal, mais démontre un réalisme politique confiant dans l’efficacité des médiations, tout en dénonçant les horreurs de la guerre et l’injustice, en Ukraine comme au Proche-Orient ou ailleurs ».

Se dessinent également quelques lignes directrices du pontificat : l’attention aux plus démunis et l’importance de la vie contemplative. « La visite du pape au Liban dépasse le simple déplacement pastoral et politique : elle rappelle l’importance d’une vie enracinée dans la prière et la contemplation, tout en honorant ceux qui servent les plus fragiles, commente, dans L’Orient-Le Jour, Gaby Khairallah, professeur à Sciences Po Paris. A travers le choix des lieux et des rencontres, elle interpelle sur la valeur de l’humain, de la mémoire et de la justice, offrant un message universel de compassion et de responsabilité. »

Le pape Léon XIV visite la mosquée Sultan Ahmet (ou Mosquée bleue), datant de l’époque ottomane, à Istanbul, en Turquie, le samedi 29 novembre 2025.

Ce premier voyage international a enfin « révélé un pape soucieux de replacer l’histoire et la symbolique chrétienne au cœur de son pontificat, et d’inscrire chacune de ses prises de position éthiques dans un cadre juridique clair », renchérit le politiste François Mabille auprès du Monde. Dès son arrivée à Ankara, Léon XIV s’est rendu au mausolée d’Atatürk, manière de rappeler que la Turquie moderne repose sur une architecture juridique laïque.

Le geste le plus commenté reste toutefois son choix de ne pas prier à la Mosquée bleue. En visitant le monument sans y accomplir un acte liturgique, « Léon XIV a ainsi tracé une frontière interreligieuse précise : le respect mutuel n’implique pas la confusion des rites. Là encore, il s’appuie sur un principe de droit – celui de la liberté de conscience et du respect des pratiques de chaque religion, qui fonde la possibilité même du dialogue interreligieux », conclut le politiste.

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