
Elle est presque méconnaissable sur ses affiches de campagne. Le visage lisse malgré ses 76 ans, le sourire franc, Simone Ehivet Gbagbo est radieuse. Après un demi-siècle de combat politique acharné, la voici sur le devant de la scène. A la fin de ses meetings, elle danse de joie : pour la première fois dans l’histoire de la présidentielle en Côte d’Ivoire, « Gbagbo », c’est elle.
L’ancienne première dame est candidate au scrutin de samedi 25 octobre, contrairement à son ex-mari, l’ancien président Laurent Gbagbo, qui n’a pas été autorisé à se présenter par le Conseil constitutionnel à cause d’une condamnation. Elle affrontera dans les urnes trois autres opposants et le président sortant, Alassane Ouattara, grand favori, qui brigue un quatrième mandat.
Un adversaire qu’elle traite désormais avec courtoisie quand, hier, il était son pire ennemi. Le « chef bandit », clamait-elle avec hargne par le passé, l’homme du Nord qui l’a délogée par les armes de la présidence, le 11 avril 2011, avec l’aide du « diable » Nicolas Sarkozy, alors à la tête de la France.
Ce jour-là, elle apparaît sur les télévisions du monde entier. Dans une chambre de la résidence présidentielle, elle est assise sur un lit, dos courbé, tresses arrachées ; son époux est hagard. Ils sont vaincus, arrêtés quasiment en direct par les rebelles des Forces nouvelles, aidés par les pilonnages incessants des hélicoptères de la force française Licorne. L’issue de quatre mois d’un bras de fer meurtrier – qui a fait 3 000 victimes selon l’Organisation des Nations unies – avec Alassane Ouattara, vainqueur de l’élection présidentielle de 2010 auquel le couple Gbagbo refusait de céder le pouvoir.
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