Comme tout le monde, elle a découvert la proposition choc en lisant le journal. Valérie Urbain, directrice générale d’Euroclear, l’organisme de dépôt européen hébergeant les quelque 200 milliards d’euros russes gelés depuis l’invasion de l’Ukraine, n’avait pas été prévenue par Friedrich Merz. C’est donc tôt, le 25 septembre, en consultant son téléphone et en découvrant la une du Financial Times, bible de la presse financière londonienne, qu’elle a appris le plan du chancelier allemand : créer un mécanisme pour prêter 140 milliards d’euros à l’Ukraine en s’appuyant sur les avoirs russes gelés, mais sans les confisquer. La proposition est depuis au cœur d’intenses discussions que les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne doivent trancher lors du prochain sommet du Conseil, les 18 et 19 décembre.
Si Mme Urbain n’a pas été mise au courant, c’est pourtant elle qui détient les clés de ces actifs. Elle dirige Euroclear, institution méconnue mais essentielle du système financier. Ce dépositaire est le lieu où les banques centrales et autres grands fonds d’investissement internationaux déposent leurs titres (actions, obligations, produits financiers…). Euroclear gère ainsi 42 500 milliards d’euros de dépôts, soit quatorze fois le produit intérieur brut de la France. Pourtant, à son siège, en plein centre de Bruxelles, nulle trace de coffre-fort. Tout est dématérialisé, avec des données hébergées dans plusieurs data centers à travers le monde.
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