Quand ils s’enfuient, une nuit d’octobre 2024, d’un avant-poste militaire non loin de Kawkareik, une ville de l’est de la Birmanie où les combats sont réguliers entre les troupes de la junte militaire et la résistance, Chit Lin Py, 22 ans, et deux de ses camarades jouent le tout pour le tout : ils prennent trois fusils d’assaut et une grenade puis, après s’être dépouillés de leur uniforme, les trois conscrits déserteurs s’avancent dans l’obscurité dans une direction opposée à la ligne de front.

Leur fuite fut sans doute une question de vie ou de mort : « Les soldats nous avaient dit que si on s’enfuyait avec des armes, ils nous tireraient dessus », confie-t-il aujourd’hui, cheveux en brosse, pas peu fier de s’en être sorti.

Le long d’une autoroute désertée, ils progressent dans le noir puis franchissent une rivière sous un pont. Là commence le territoire ennemi, sous contrôle des rebelles de l’ethnie karen. Chit Lin Py lève alors en l’air son fusil et crie aux combattants de l’Armée karen de libération nationale (KNLA) : « Nous faisons défection ! » Leurs existences viennent de basculer.

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