
L’affaire avait suscité effroi et fascination dans le monde entier. L’Australienne reconnue coupable d’avoir mortellement empoisonné trois membres de sa belle-famille avec des champignons vénéneux a été condamnée, lundi 8 septembre, à la prison à vie avec possibilité de libération conditionnelle après trente-trois ans.
« Votre absence totale de remords ne fait que remuer le couteau dans la plaie des victimes », a déclaré le juge Christopher Beale, de la Cour suprême de l’Etat de Victoria, à Melbourne, en condamnant Erin Patterson, 50 ans. « La gravité de vos actes justifie l’imposition des peines maximales pour vos crimes », a-t-il ajouté.
Erin Patterson avait été reconnue coupable en juillet du meurtre des parents de son mari et de la tante de ce dernier, ainsi que de tentative de meurtre sur l’oncle de son époux. Les faits remontent à un repas de famille de juillet 2023 dans une petite ville rurale du sud-est de l’Australie. Patterson, passionnée de cuisine mais aussi d’affaires criminelles, avait servi une spécialité anglaise, un bœuf Wellington, avec des amanites phalloïdes – un des plus dangereux champignons vénéneux. Trois invités étaient morts, un seul avait survécu. Son mari, dont elle est séparée, avait décliné l’invitation. Ses motivations restent mystérieuses, à l’issue de plus de deux mois de procès suivi par les médias et les férus d’affaires criminelles du monde entier.
Un plat mortel « délicieux »
A la table du repas organisé par Erin Patterson le samedi 29 juillet 2023 : Don et Gail Patterson, les parents de son époux Simon. La tante de Simon, Heather Wilkinson, et l’oncle Ian, pasteur d’une église baptiste locale, sont également invités. Simon, lui, avait décliné, expliquant son malaise face à cette invitation. « J’espère que tu vas changer d’avis », lui avait répondu Erin Patterson par SMS. Séparés depuis 2015 sans avoir divorcé, leur relation se détériorait en raison d’un désaccord sur le versement d’une pension alimentaire.
Erin Patterson avait annoncé aux convives souffrir d’un cancer et demandé des conseils sur la façon dont elle devait l’annoncer à ses enfants, selon le parquet. Pourtant, aucun dossier médical n’a fait état d’un tel diagnostic. Le ministère public en a conclu qu’il s’agissait d’un mensonge pour attirer ses convives.
Pour le repas, l’Australienne a mixé des filets de bœuf avec des champignons, enrobant le tout de pâte feuilletée pour confectionner du bœuf Wellington. Un plat « délicieux », aux dires de la tante Heather Wilkinson. Les champignons utilisés, identifiés ensuite comme des amanites phalloïdes, peuvent avoir un goût sucré qui cache leur caractère toxique. Ils sont au nombre des plus mortels, étant responsables de 90 % de tous les décès dus à la consommation de champignons vénéneux. Don, Gail et Heather ont succombé en une semaine. Seul Ian, le pasteur, a survécu, après des semaines d’hospitalisation.
De précédentes tentatives
Erin Patterson a été décrite comme une mère attentive, qui jouait un rôle actif au sein de la population locale, se portant volontaire pour éditer le bulletin du village. Elle était aussi membre d’un groupe Facebook où elle discutait des meurtres australiens les plus célèbres. Son amie Christine Hunter a dit au procès qu’elle avait une réputation de « détective hors pair ».
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A la barre, Erin Patterson a assuré n’avoir voulu tuer personne et a maintenu que l’empoisonnement était accidentel. A la fin du procès, la justice a cependant révélé qu’elle avait été soupçonnée par la police d’avoir tenté de tuer son époux à trois reprises entre 2021 et 2022. Il s’agissait déjà de plats empoisonnés, à savoir des pâtes à la bolognaise, du poulet korma et un wrap aux légumes. Elle aura vingt-huit jours pour faire appel après l’énoncé du verdict.