A l’automne 2015, alors qu’il mettait secrètement en chantier le mouvement En marche ! qui allait le propulser vers l’Elysée, Emmanuel Macron était seul ou presque à croire à son destin présidentiel. Dix ans plus tard, il se retrouve de plus en plus seul devant le délabrement de sa présidence. L’ascension fut vertigineuse. La descente ne l’est pas moins.
L’acuité de la crise dans laquelle est plongé le pays est en effet sans précédent sous la Ve République. Si l’on excepte les séismes sociaux qui ont ébranlé le régime – le mouvement de Mai 68 ou celui des « gilets jaunes » en particulier –, jamais le chef de l’Etat ne s’était trouvé dans une telle impasse politique.
Certes, à l’automne 1962, la décision du général de Gaulle d’instaurer l’élection présidentielle au suffrage universel avait provoqué un affrontement d’une extrême violence entre l’Elysée et toutes les forces politiques, gaullistes exceptés : accusation de « forfaiture », censure du gouvernement de Georges Pompidou (premier ministre de 1962 à 1968) par les députés, re-nomination immédiate du premier ministre, dissolution de l’Assemblée nationale… Deux mois plus tard, de Gaulle gagnait sur tous les tableaux, remportant d’abord le référendum sur l’élection présidentielle, puis les élections législatives, et renforçant puissamment sa légitimité.
Pris en étau
Emmanuel Macron, au contraire, voit la sienne s’éroder dangereusement depuis trois ans. A peine réélu, en avril 2022, il néglige les législatives organisées dans la foulée et perd la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Nouveau revers en juin 2024, lors des élections européennes : sur son terrain de prédilection, la liste qu’il patronne est étrillée par celle du Rassemblement national (RN). Sa décision immédiate, solitaire, voire épidermique de dissoudre l’Assemblée se solde, on le sait, par un camouflet encore plus cinglant. Son camp ne dispose même plus d’une majorité relative, face à deux oppositions – RN, à l’extrême droite, et Nouveau Front populaire, à gauche – également minoritaires.
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