Le président français, Emmanuel Macron, a annoncé, jeudi 30 octobre, une aide internationale de plus de 1,5 milliard d’euros pour la région des Grands Lacs, dans le cadre du plan de réponse humanitaire des Nations unies.
« Aujourd’hui, ensemble, nous avons franchi une étape et je suis fier d’annoncer que vous avez collectivement mobilisé plus de 1 milliard et demi d’euros d’assistance pour les populations les plus vulnérables », a-t-il déclaré en clôture d’une conférence internationale à Paris, précisant qu’il s’agit d’apporter notamment médicaments et nourriture. Une soixantaine de pays et d’organisations étaient représentés lors de cette conférence. M. Macron a par ailleurs annoncé la réouverture de l’aéroport de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), pour des vols humanitaires « dans les prochaines semaines » ainsi que des couloirs humanitaires sécurisés pour l’acheminement de l’aide.
La conférence, coorganisée par la France et le Togo, intervient alors que la crise humanitaire, l’une des plus grave au monde, ne cesse de s’aggraver en RDC. « Nous ne pouvons pas demeurer des spectateurs silencieux de la tragédie qui se joue dans l’est de la République démocratique du Congo », a souligné le président français, ajoutant que les chiffres étaient « insoutenables » avec des millions de personnes « déracinés », « près de 28 millions de personnes en insécurité alimentaire, une femme violée toutes les quatre minutes et un enfant toutes les trente ». « Ces chiffres ne sont pas des statistiques. Ce sont les déchirures d’une humanité blessée, des cris que personne ne peut ignorer », a-t-il insisté.
« Il faut que l’aide soulage sans nourrir la dépendance »
Son homologue togolais, Faure Gnassingbé, a noté que l’urgence ne devait pas faire oublier « une autre vérité » : « On ne peut pas répondre indéfiniment au long terme avec des outils de court terme », a-t-il déclaré, appelant l’Afrique à participer à son propre effort humanitaire, « non pas seulement par devoir moral, mais parce que c’est une question de dignité et d’efficacité ». Il a aussi exhorté à faire toute la transparence sur l’aide humanitaire, qui dans un contexte de guerre « a tendance elle-même à devenir un enjeu de pouvoir ».
« Les routes humanitaires sont parfois contrôlées, les convois taxés, les ressources détournées », a-t-il déploré. « Il faut que l’aide soulage sans nourrir la dépendance, qu’elle stabilise sans figer les rapports de force. C’est pourquoi, pour protéger les bienfaits de l’aide et ceux qui la portent, il faut un contrôle africain renforcé », a-t-il plaidé. Il a en outre dénoncé l’exploitation minière informelle, le commerce illicite des ressources et la contrebande qui « continuent d’alimenter les groupes armés et d’appauvrir la communauté ». « Nous devons rendre traçable chaque ressource », a-t-il insisté.
L’est de la RDC, riche en ressources naturelles et frontalier du Rwanda, est en proie à des conflits depuis trente ans. Les violences se sont intensifiées depuis janvier avec la prise des villes de Goma et de Bukavu par le groupe armé M23, soutenu par Kigali. Ces violences ont causé des milliers de morts et déplacé des millions de personnes, aggravant une crise alimentaire déjà sévère.



