
La surprise, puis le retournement. Alors qu’un premier sondage de sortie des urnes publié, mercredi 29 octobre au soir, donnait le parti centriste, D66, comme vainqueur inattendu des élections législatives anticipées aux Pays-Bas devant la formation d’extrême droite de Geert Wilders, une projection publiée jeudi après le dépouillement de près de 95 % voit finalement les deux formations politiques arriver au coude à coude.
Une projection diffusée par l’agence de presse ANP attribue 26 sièges chacun au PVV de M. Wilders et au D66 de Rob Jetten. Les premiers sondages réalisés à la sortie des urnes donnaient les centristes en tête avec 27 sièges sur 150 au Parlement.
Dans tous les cas, c’est une longue période de négociations qui s’ouvre pour les partis afin de former une coalition, dans un système politique très fragmenté. Et c’est un revers pour le PVV qui perdrait 11 sièges par rapport à son succès électoral retentissant de 2023. « Les électeurs se sont exprimés. Nous espérions un autre résultat mais nous sommes restés fidèles à nous-mêmes », avait réagi M. Wilders sur X dès le début de la soirée.
Quel que soit le résultat définitif, M. Wilders ne sera a priori pas premier ministre, les principaux autres partis ayant exclu pour l’instant toute nouvelle collaboration avec lui, le jugeant peu fiable ou ses opinions trop peu acceptables.
Les premiers résultats placent donc le leader de D66, Rob Jetten, 38 ans, en position de devenir le plus jeune premier ministre néerlandais, et le premier ouvertement homosexuel. Ses partisans ont laissé éclater leur joie lors de leur soirée électorale à Leyde, près de La Haye, brandissant des drapeaux néerlandais et européens.
« Il est possible de vaincre l’extrême droite »
« On l’a fait ! », avait réagi M. Jetten dans un discours devant ses partisans en liesse, assurant que « des millions de Néerlandais ont tourné la page aujourd’hui. Ils ont dit adieu à la politique de la négativité et de la haine ». « Il s’agit d’un résultat électoral historique car nous avons montré non seulement aux Pays-Bas mais aussi au monde entier qu’il est possible de vaincre les mouvements populistes et d’extrême droite », avait-il aussi commenté devant des journalistes.
Derrière les deux formations en tête, le parti libéral de centre droit VVD devrait remporter 22 sièges, l’alliance de gauche Verts/Travaillistes, 20, selon la projection d’ANP. Un résultat décevant pour l’ancien vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, qui a déclaré, mercredi, qu’il démissionnait de son poste de chef de l’alliance écologiste de gauche. « Ce soir, je quitte mes fonctions de chef de parti. Le cœur lourd », a-t-il annoncé lors d’un discours.
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Les élections aux Pays-Bas étaient très suivies en Europe car elles devaient permettre d’évaluer l’ampleur de la poussée de l’extrême droite partout sur le continent, notamment au Royaume-Uni, en France et en Allemagne.
Un système politique très fragmenté
Gert Wilders avait lui-même déclenché ce scrutin anticipé en torpillant le gouvernement sortant après un différend sur l’immigration, retirant le PVV d’une fragile coalition quadripartite.
Une fois le résultat définitif connu, une longue période de négociations s’ouvrira entre les partis pour déterminer qui souhaite collaborer avec qui – un processus qui pourrait prendre des mois. Aux Pays-Bas, le système politique est tellement fragmenté qu’aucun parti ne peut obtenir les 76 sièges nécessaires pour gouverner seul. Le consensus et les coalitions sont donc essentiels.
La campagne s’est jouée autour de l’immigration et de la crise du logement, qui touche surtout les jeunes de ce pays densément peuplé. Rob Jetten était monté en flèche ces derniers jours dans les sondages grâce à un message optimiste et une forte présence médiatique. « Je veux ramener les Pays-Bas au cœur de l’Europe car, sans coopération européenne, nous ne sommes nulle part », avait-il dit à l’Agence France-Presse après avoir voté à La Haye.
Aux Pays-Bas, les sondages de sortie des urnes reflètent généralement assez bien la composition du Parlement, mais la répartition des sièges peut toujours évoluer au fur et à mesure du dépouillement.




