Ce mercredi 5 mars, au fin fond de la forêt colombienne, une petite équipe de naturalistes et de grimpeurs professionnels fait ses adieux à un arbre. Un arbre comme tant d’autres dans cette forêt tropicale, perchée sur les contreforts des Andes, face à l’immensité amazonienne s’étendant vers l’est. Sauf que, contrairement à la végétation dense qui l’entoure, ce Brosimum utile, de son nom latin, a été étudié, analysé, scruté presque centimètre par centimètre pendant plus d’un an par des dizaines de chercheurs du monde entier. Un travail d’une ampleur et d’une envergure encore inédite mené pour répondre à une question paradoxalement très simple : combien d’espèces – animales, végétales et champignons – peut donc abriter un seul arbre ? Mais aussi : comment toutes ces espèces vivent, interagissent et se répartissent sur cet immense support végétal, formant là un véritable écosystème miniature, passionnant objet d’étude de la biodiversité.

Dans ce but, les chercheurs ont mis au point pas moins de 36 protocoles de collecte, de la base du tronc jusqu’au sommet, 40 mètres plus haut, afin de recueillir et d’analyser mousses, fougères, orchidées, lichens, vers, chenilles, coléoptères et une myriade d’autres insectes. Une étude allant des protistes, de petits êtres unicellulaires, jusqu’aux oiseaux et aux chauves-souris fréquentant les branches du géant. En clair, l’intégralité du monde vivant, à l’exception des bactéries : une première à l’échelle d’un arbre. La dernière corde d’accès à la canopée qui tombe à terre, ce mercredi pluvieux de mars, rendant enfin un peu de quiétude à cet arbre colombien, met officiellement un terme à une année d’étude sur ce site, et plus globalement au programme Life on Trees (LOT), un projet lancé trois ans plus tôt en toute discrétion, au sein duquel deux arbres péruviens ont déjà été passés au crible de semblable façon.

Il vous reste 91.09% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
Exit mobile version