
Pretoria a dénoncé, mardi 12 août, un récit « inexact et profondément erroné » des Etats-Unis après la diffusion du rapport annuel du département d’Etat relevant une « détérioration » des droits humains en Afrique du Sud. La dernière version de cette publication, rendue publique mardi, épouse les critiques de Donald Trump à l’encontre de ce pays, accusé d’avoir « franchi une étape très inquiétante vers l’expropriation des Afrikaners ».
Frappée de 30 % de droits de douane sur la plupart de ses exportations, l’Afrique du Sud est une cible récurrente du président américain qui lui reproche une prétendue persécution de ces fermiers blancs descendants des premiers colons européens.
Le ministère des affaires étrangères sud-africain « a fait part de sa profonde déception » dans un communiqué diffusé mardi. « Nous trouvons que le rapport est un récit inexact et profondément erroné qui ne reflète pas la réalité de notre démocratie constitutionnelle », a-t-il poursuivi.
Une loi signée en début d’année par le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, et dénoncée par Donald Trump permet dans de rares circonstances une expropriation sans compensation. Elle encadre une politique de redistribution des terres prévue dans la Constitution promulguée en 1996 par Nelson Mandela, alors chef de l’Etat. En 2017, les fermiers blancs détenaient encore plus de 70 % des terres selon des chiffres du gouvernement.
« Le fait que le rapport s’appuie sur des informations hors de leur contexte et [sur] des récits faux est très préoccupant », a déploré Pretoria.
« Détérioration » des droits humains en Europe
Washington déplore aussi, dans ce rapport, la « détérioration » des droits humains dans de nombreux pays en Europe visant notamment les restrictions à la liberté d’expression. En Allemagne, au Royaume-Uni ou en France, le département d’Etat souligne que « la situation des droits humains s’est détériorée au cours de l’année » passée, selon son rapport sur les droits humains dans le monde en 2024, censé refléter les nouvelles priorités de politique étrangère de Washington.
S’agissant de la France, le rapport cible notamment « des informations crédibles faisant état de restrictions graves à la liberté d’expression ». Il y dénonce également une recrudescence des actes d’antisémitisme. Au Royaume-Uni, Washington s’inquiète d’une nouvelle loi sur la sécurité en ligne, qui doit servir à mieux protéger les enfants et avait suscité les vives critiques du réseau social X d’Elon Musk.
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Interrogée à ce sujet, la porte-parole du département d’Etat américain, Tammy Bruce, s’est refusée à citer des pays en particulier, mais, a-t-elle relevé, « la censure gouvernementale est intolérable dans une société libre ». « Les gouvernements continuent de recourir à la censure, à la surveillance arbitraire ou illégale et à des lois restrictives contre les voix qui leur déplaisent, souvent pour des raisons politiques ou religieuses », a-t-elle dénoncé.
Pas d’abus au Salvador
Brossant un tableau de la situation des droits humains dans le monde, pays par pays, le rapport annuel du département d’Etat, qui heurte bien souvent nombre de gouvernements, est généralement publié au printemps. Mandaté par le Congrès américain, il est considéré par les experts comme faisant référence. Mais il a été en partie rédigé sous la précédente administration du démocrate Joe Biden, amenant le département d’Etat à l’amender et à le restructurer afin d’y intégrer les priorités de l’administration Trump, par exemple contre les politiques favorisant les programmes de diversité ou encore l’avortement.
« Les rapports de cette année ont été simplifiés afin d’être plus utiles et accessibles sur le terrain et par les partenaires, et afin de mieux répondre au mandat législatif sous-jacent et de s’aligner sur les décrets de l’administration », peut-on y lire.
Des élus de l’opposition démocrate, ainsi que des ONG, se sont inquiétés que le rapport ne dresse pas un tableau sincère des violations des droits humains dans le monde. « Les mesures prises par l’administration Trump pour l’édulcorer et le politiser compromettent son objectif même et nuisent à la crédibilité du département d’Etat lui-même », a fustigé la semaine dernière le sénateur démocrate Chris Van Hollen, selon un communiqué.
Ainsi, s’agissant du Salvador, proche allié de l’administration Trump, le département d’Etat assure n’avoir « pas d’informations crédibles faisant état d’abus significatifs des droits humains ». Ce pays est notamment pris à partie par nombre d’ONG pour sa guerre sans merci contre les « maras », les gangs qui terrorisaient la population, ainsi que le Centre de confinement du terrorisme (Cecot).
A l’inverse, le gouvernement américain tire à boulets rouges sur le Brésil, un pays avec lequel il entretient des relations très tendues. Le département d’Etat dénonce le fait que les tribunaux « ont pris des mesures excessives et disproportionnées pour porter atteinte à la liberté d’expression (…) et au débat démocratique en restreignant l’accès aux contenus en ligne jugés “nuisibles à la démocratie” », selon le rapport. Le juge de la Cour suprême brésilienne, Alexandre de Moraes, est visé par de multiples sanctions américaines.