Image extraite du film « Dracula » de Radu Jude.

L’AVIS DU « MONDE » – A VOIR

Le Roumain Radu Jude reste un épicentre en Europe. On en parlait ici, il y a trois semaines, à propos de son film Kontinental ’25, qui, par la malice du cinéaste ou de ses distributeurs français, a contrevenu aux lois de la tectonique des plaques. La réplique du séisme l’a précédé. Car le « modeste » et « sobre » Kontinental ’25 a été capté à la marge ou dans les replis de ce Dracula, comme lui tourné à l’iPhone 15 en Transylvanie, mais lui obscène et dégueulant. Pendant près de trois heures, des variations tour à tour blafardes, bouffonnes et saillantes sur le vampire national.

On tient ou l’on ne tient pas, on part ou l’on ne part pas. On considère que c’est une incursion dans l’enfer des images ou une simple transgression d’artiste « épate-bourgeois ». On parlait l’autre fois, à propos de Radu Jude, de cinéaste « Frankenstein », n’aimant rien tant que couturer l’inconciliable et le disgracieux. Eh bien voici sa version Frankenstein de Dracula, ce qui est déjà un geste en soi.

Parodies et digressions

Les deux figures dominèrent le cinéma d’épouvante des années 1930, mais en représentaient comme les deux pôles opposés. D’un côté, la créature de Frankenstein, l’aliénation même, la chose fabriquée et exploitée, qui prit d’ailleurs à la fin du XXe siècle le dessus dans le registre horrifique, par le biais des zombies, et, de l’autre, un comte et un monstre d’intelligence, aristocrate d’obscurs confins transylvaniens, sa tyrannie prédatrice étant renvoyée à des marges barbares – pour mieux se perpétuer peut-être.

Il vous reste 71.36% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
Exit mobile version