Français
English
Deutsch
Italiano
Русский
Español
La droite israélienne est toujours réactive lorsqu’il s’agit de dénoncer l’antisémitisme dans le monde. Un homme semble échapper à sa vigilance : Donald Trump. L’ancien président américain est pourtant coutumier de remarques offensantes contre les juifs américains, auxquels il ne pardonne pas de voter massivement pour le Parti démocrate. Le 19 septembre, s’exprimant lors de la conférence annuelle de l’organisation conservatrice Israeli-American Council, l’ancien président évoquait l’hypothèse de sa défaite électorale, le 5 novembre, face à Kamala Harris. Selon lui, « les juifs auraient beaucoup à voir avec ça, si ça arrivait, parce que 40 % [de soutien en sa faveur], cela signifie que 60 % des gens votent pour l’ennemi ». Sa défaite impliquerait, à l’en croire, la fin de l’existence d’Israël « dans les deux ans ».
« C’est la troisième fois que Donald Trump est candidat à l’élection présidentielle, il ne peut prétendre au bénéfice du doute, confie au Monde Halie Soifer, présidente de l’organisation progressiste Jewish Democratic Council of America. Il fait du trafic d’antisémitisme. Il est antisémite selon la définition internationale du mot, en désignant comme bouc émissaire pour son éventuelle défaite l’ensemble des juifs, sans distinction de leur affiliation politique. C’est incroyablement dangereux car beaucoup d’extrémistes de droite dans ce pays l’écoutent et sont inspirés par lui. »
Contrairement à ce qu’il prétend, aucune étude d’opinion n’a jamais accordé 40 % de soutien à Donald Trump parmi les juifs américains. Le dernier sondage du Pew Research Center, publié début septembre, lui donnait 34 %, contre 65 % à Kamala Harris, ce qui serait déjà très surprenant. Au fil des ans, la part d’électeurs démocrates, au sein des électeurs de confession juive, est restée autour de 75 %. Le monde des juifs américains est extrêmement divers, en fonction des pratiques religieuses et culturelles, des origines et de l’attachement à Israël. Selon une autre étude du Pew Research Center, publiée en 2021, ils seraient environ 5,8 millions d’adultes, soit 2,4 % de la population américaine en âge de voter.
Le 19 septembre, Donald Trump a aussi participé à une levée de fonds organisée par Miriam Adelson, donatrice majeure des républicains et veuve du magnat des casinos Sheldon Adelson, qui soutient inlassablement la colonisation de la Cisjordanie. L’ancien président a répété une formule souvent employée ces derniers mois : les juifs votant démocrate « devraient se faire examiner la tête ». En somme, ne pas soutenir Donald Trump, en tant que juif, serait un signe de folie.
Il vous reste 50.88% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
