Merci pour votre question qui rappelle que cette élection, comme ce direct, ne se terminera probablement pas au lendemain du 5 novembre.

Comme vous le rappelez, Donald Trump n’a jamais reconnu sa défaite en 2020 face à Joe Biden, accusant les démocrates d’avoir falsifié l’élection sans aucune preuve. Il ne s’est jamais engagé à reconnaître les résultats de la prochaine, laissant entendre qu’ils seraient truqués s’il ne gagnait pas. Cette ligne est portée, depuis plusieurs mois, à tous les niveaux de sa campagne, de son colistier, J. D. Vance, à des hauts responsables comme Chris LaCivita, qui a dit en juillet : « Ça ne se termine pas le jour de l’élection, ça se termine le jour de l’inauguration. »

Autrement dit, le vote du 5 novembre peut être contesté jusqu’au 20 janvier 2025, jour officiel de l’inauguration de la ou du 47e président des Etats-Unis. C’est une hypothèse sur laquelle parient de nombreux observateurs pour plusieurs raisons. Premièrement, ce que la journaliste Anna Bower appelle « la politisation du processus de certification au niveau local » depuis 2020. Le vote aux Etats-Unis étant très décentralisé, les résultats peuvent être contestés au niveau du comté, puis de l’Etat, ce qui peut ralentir la certification des résultats « et provoquer du chaos postélectoral, de la désinformation et potentiellement de la violence politique », craint-elle.

Deuxièmement, c’est une stratégie clairement assumée du côté républicain. Au-delà de la rhétorique de Donald Trump, le Comité national républicain (RNC) est déjà impliqué dans plus d’une centaine de procès dans tout le pays pour contester le déroulement du vote. Il a également lancé un programme pour former et déployer des milliers d’observateurs dans les bureaux de vote pour, selon un communiqué, « battre les démocrates à leur propre jeu » et s’assurer « que les tricheries du Parti démocrate ne marchent pas cette fois-ci ».

Cela sera-t-il suffisant pour faire dérailler le processus électoral ? Derek Muller, spécialiste de loi électorale à l’université de Notre-Dame explique au Monde que « le processus de comptage et de certification est bien plus solide » par rapport à 2020, notamment avec une loi fédérale qui donne plus de pouvoir à la justice pour exiger des résultats à chaque bureau de vote. « C’est possible que certains responsables essaient de retarder le processus, mais il est peu probable qu’ils réussissent à le faire longtemps », prédit-il.

Le risque de violence politique ne peut être écarté, même si elle n’atteint pas la fuite en avant extrême que fut l’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021. N’oublions pas qu’une majorité des électeurs républicains pensent toujours, selon de nombreux sondages, que l’élection a été volée à Donald Trump en 2020. Cela dépendra, en grande partie, de l’attitude de Donald Trump lui-même.

Le procureur fédéral qui instruit le dossier à son encontre pour tentatives d’inverser illégalement les résultats de l’élection de 2020 a rendu public, il y a quelques jours, l’acte d’accusation. Il accuse le président d’alors d’avoir « préparé le terrain » à un rejet des résultats électoraux avant la fin du scrutin, disant à des conseillers qu’en cas d’avance au début du décompte des votes, il se « déclarerait vainqueur avant que les bulletins soient comptés et qu’un gagnant ait été annoncé ». Un peu plus loin, il cite le témoignage d’un conseiller ayant entendu Donald Trump dire à ses proches : « Peu importe que vous ayez gagné ou perdu l’élection, il faut se battre comme un chien. »

Lire aussi |

C’est un thème majeur de cette fin de campagne sur lequel nous reviendrons en fin de semaine avec un article de notre correspondant aux Etats-Unis. Stay tuned.

Share.
Exit mobile version