La victoire de Donald Trump aura d’importantes conséquences dans la lutte contre le dérèglement climatique

Le programme du 47e président des Etats-Unis, un climatosceptique assumé, était connu, et il l’a répété tout au long de la campagne :

  • « drill, baby, drill », autrement dit reprendre les forages d’énergies fossiles sur les terres fédérale, notamment dans la Réserve naturelle nationale de l’Arctique, en Alaska, et en prévoir la construction de nouveaux gazoducs.
  • annuler le moratoire sur les nouveaux terminaux d’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) ;
  • annuler « l’obligation d’achat de véhicules électriques » ;
  • annuler les limites aux émissions de CO2 des centrales à charbon ;
  • revenir sur l’Inflation Reduction Act (IRA), la plus grosse loi sur le climat jamais votée dans l’histoire des Etats-Unis pour soutenir la transition énergétique.

Autant de mesures qui vont sévèrement remettre en cause la politique environnementale et climatique des Etats-Unis, actuellement le premier producteur de pétrole, second émetteur mondial de gaz à effet de serre et premier pollueur historique du monde.

Une analyse du média spécialisé Carbon Brief estimait qu’une victoire de Trump pourrait entraîner l’émission supplémentaire, d’ici à 2030, de 4 milliards de tonnes d’équivalent CO2 par rapport aux démocrates – soit les émissions annuelles de l’Europe et du Japon.

Durant son premier mandat, Donald Trump s’était retiré de l’accord de Paris sur le climat de 2015. Les Etats-Unis l’ont réintégré, en 2021, dès l’investiture de Joe Biden. Trump pourra à nouveau en sortir dès son retour à la Maison Blanche, le 20 janvier, ce qui rendra le retrait effectif un an plus tard, voire également de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques

Entre-temps se tiendra la COP29, qui s’ouvre le 11 novembre en Azerbaïdjan, alors que la fenêtre pour espérer limiter le réchauffement climatique à + 1,5 °C est en train de se refermer.

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Pour Laurence Tubiana, architecte de l’accord de Paris et interrogée mercredi par l’AFP, « c’est plus grave qu’en 2016. Il faudra une mobilisation sans précédent pour que le choc de la décision américaine n’impacte pas d’autres pays devenus réticents à accélérer l’action ».

Christiana Figueres, secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques entre 2010 et 2016, concède sur The Guardian que « les résultats de cette élection seront considérés comme un coup majeur contre la lutte mondiale pour le climat », mais se dit confiante car « l’antidote au désespoir et à l’échec, c’est l’action sur le terrain, et cela se passe dans les quatre coins du monde ».

Comme nous l’expliquions la semaine dernière, Donald Trump ne pourra pas stopper net la transition énergétique aux Etats-Unis, mais bien la ralentir, en rendant les démarches administratives malaisées, en supprimant les limites sur les émissions des centrales thermiques et des véhicules. Mais ces procédures prendront aussi du temps – au moins des mois, voire davantage, sachant qu’elles seront vraisemblablement combattues devant les tribunaux.

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