
Des « idiots » qui « font le jeu des démocrates » : c’est ainsi que Donald Trump a qualifié, mercredi 16 juillet, ceux qui, dans son camp, critiquent la gestion par son administration du dossier Epstein, du nom de ce financier américain mort avant d’être jugé pour exploitation sexuelle de mineures.
Le président américain a tenté une nouvelle tactique pour contrer la polémique née d’un récent rapport publié par le ministère de la justice sur l’affaire Epstein. Une partie de sa base partisane lui reproche de manquer de transparence. « Tout ça est une vaste fumisterie, c’est orchestré par les démocrates. Et quelques républicains stupides et idiots tombent dans le panneau », a-t-il attaqué quand il a été interrogé sur l’affaire Epstein dans le bureau Ovale, où il recevait, mercredi, le prince héritier de Bahreïn.
Donald Trump fait face à la plus sérieuse division dans son socle de fidèles partisans depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, sur fond de soupçons que son administration couvre des éléments du dossier de Jeffrey Epstein pour protéger de riches et puissantes personnalités.
La mort du financier américain, retrouvé pendu dans sa cellule à New York en 2019 – au cours du premier mandat de Donald Trump – avant d’être jugé, a alimenté nombre de théories complotistes. Une frange de la droite américaine soutient sans preuve qu’il aurait été assassiné pour empêcher des révélations impliquant des personnalités de premier plan. Des figures proches du mouvement « Make America Great Again » (MAGA) militent depuis des années pour la publication d’une supposée liste secrète de clients de Jeffrey Epstein. Ces soutiens trumpistes espéraient des réponses à leurs questions avec le retour au pouvoir du milliardaire, son administration s’étant engagée à « lever le voile » sur cette affaire « répugnante ».
Mais il y a une dizaine de jours, le ministère de la justice et la police fédérale, le FBI, ont établi dans un rapport commun qu’il n’existait pas de preuve de l’existence d’une telle liste ou d’un chantage envers certaines personnalités. Ils ont également écarté la thèse de l’assassinat de Jeffrey Epstein et ils ont confirmé son suicide. Ils ont enfin indiqué qu’ils ne communiqueraient pas d’informations supplémentaires sur l’enquête, compte tenu de ces éléments. Des annonces qui ont entraîné un déferlement de messages furieux venant de comptes « MAGA » sur les réseaux sociaux.
« Je ne veux plus de leur soutien »
Aux républicains qui remettent en cause la ligne de la Maison Blanche, Donald Trump a lancé, mercredi matin, sur sa plateforme Truth Social qu’ils étaient d’« anciens partisans qui ont tout gobé à ces conneries ». « Laissez ces mauviettes faire le jeu des démocrates (…) parce que je ne veux plus de leur soutien ! », a-t-il cinglé. « Ils sont stupides », a insisté le président républicain à la mi-journée depuis le bureau Ovale.
Puis il a dévié la conversation en se lançant dans une énumération de ce qu’il considère comme ses réussites économiques et diplomatiques depuis six mois, et s’est plaint qu’au lieu de ça, les gens « parlent d’un type qui avait manifestement de très sérieux problèmes et qui est mort il y a trois ou quatre ans ». Désavoue-t-il ceux qu’il qualifie d’« anciens » partisans ? « Non, mais j’ai grandement perdu la foi en certaines personnes », a-t-il répondu.
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Avant sa victoire électorale en novembre 2024, Donald Trump – une des célébrités qui ont été amies avec Epstein, mais qui nie s’être rendu dans sa résidence caribéenne des Iles vierges – avait assuré n’avoir « aucun problème » à ce que son dossier soit publié. Il a répété mercredi que sa ministre de la justice, Pam Bondi, pouvait en rendre public « tout ce qui est crédible ». Mais cela n’a pas fait taire la fronde de certains de ses proches alliés. « Je dis depuis longtemps qu’on devrait tout publier », a fait observer le sénateur républicain du Texas Ted Cruz.
« La question n’est pas Epstein ou la gauche. Il s’agit de crimes commis contre des enfants », a souligné l’ancien général Michael Flynn, ex-conseiller à la sécurité nationale sous le premier mandat de Donald Trump – qui avait démissionné pour avoir menti au FBI à propos de contacts avec la Russie – et adepte des théories complotistes.