En désignant l’Union européenne (UE) comme son adversaire, Donald Trump a peut-être rendu aux Européens un extraordinaire service. En effet, alors que l’UE n’avait pas progressé, institutionnellement parlant, depuis plusieurs décennies, que les opinions publiques continuaient à s’en désintéresser, que les éditeurs déconseillaient d’écrire sur l’Europe, suggérant que ce serait un four assuré, l’UE est brutalement revenue au cœur des conversations et des espoirs.

Alors qu’elle était considérée, à l’extrême gauche comme à l’extrême droite, comme l’ennemie à combattre, l’appel à en sortir n’étant jamais loin, l’UE apparaît soudainement comme une présence familière, rassurante, protectrice. Et, alors que, auparavant, tous les partis de gouvernement essayaient de faire porter à la Commission européenne le chapeau des décisions impopulaires, Ursula von der Leyen, sa présidente, prend aujourd’hui des airs de matriarche.

Devant la sidérante volte-face du président américain, les Européens ont enfin décidé de renforcer leurs liens, d’apporter une réponse commune à la double menace représentée par la Russie et les Etats-Unis, et semblent avoir brutalement pris conscience de tout ce qui les rassemble.

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De fait, si, vu de l’intérieur, on a tendance à grossir les différences politiques, économiques et culturelles existant entre les Etats membres, la Charte des droits fondamentaux de l’UE – signée en 2000 mais dotée d’une force juridique égale à celle des traités depuis 2009 [lorsque le traité de Lisbonne, qui l’a intégrée en 2007, entre en vigueur] – montre de façon éclatante la singularité de l’UE et des valeurs qu’elle proclame : « L’UE se fonde sur les valeurs indivisibles et universelles de dignité humaine, de liberté, d’égalité et de solidarité ; elle repose sur le principe de la démocratie et le principe de l’Etat de droit. Elle place la personne au cœur de son action en instituant la citoyenneté de l’UE et en créant un espace de liberté, de sécurité et de justice. »

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