
Les trois représentants des victimes de Bétharram qui siégeaient dans la commission d’enquête indépendante née à la suite du scandale ont annoncé leur départ, jeudi 3 juillet, en raison de dissensions quant à la composition de l’instance. Mercredi, la commission avait elle-même demandé à l’un d’entre eux, ainsi qu’à un autre membre de l’instance, « de ne plus siéger », a déclaré Magalie Besse, sa secrétaire générale.
Alain Esquerre, porte-parole du principal collectif des victimes de l’établissement visé par plus de 200 plaintes pour violences physiques et sexuelles, Olivier Bunel et Alexandre Perez affirment toutefois avoir pris « unilatéralement » la décision de quitter cette commission financée par la congrégation à la tête de l’établissement et mise en place par l’Institut Louis-Joinet (IFJD).
Dans un communiqué, ils dénoncent les conditions d’accès aux archives du collège-lycée catholique privé et la présence dans cette instance, comme commissaire référent de la congrégation, du prêtre Laurent Bacho, ancien proche du père Benat Ségur à l’époque où il officiait en Côte d’Ivoire, dans les années 1990. Ce dernier, mort en 2010, est accusé de violences sexuelles à Abidjan et en France.
Mme Besse a précisé à l’Agence France-Presse que la commission avait demandé au père Bacho de « ne plus siéger » en raison du rôle qu’il « aurait pu jouer » en Côte d’Ivoire, mais aussi à M. Perez en raison « d’accusations » le visant dans la presse, « sans que cela présume de leur responsabilité effective ».
Alexandre Perez, élu de la majorité municipale de François Bayrou à Pau, est notamment accusé par Mediapart de s’en être pris à d’autres victimes de Bétharram, sous pseudo, sur les réseaux sociaux, ce qu’il nie.
MM. Esquerre, Bunel et Perez accusent pour leur part une association de victimes dissidente, créée à la mi-juin, d’être à l’origine d’« attaques permanentes » et d’« incitation à la haine » sur les réseaux sociaux à leur égard et regrettent « le désir » de l’IFJD de la faire entrer dans la commission d’enquête. Bernard Collenot, président de cette association de victimes de Bétharram en désaccord avec « la façon de faire » d’Alain Esquerre, « n’exclut pas » de participer au travail de la commission, malgré les « doutes sur son indépendance ».