Centre de traitement et de conditionnement de bananes, en Martinique, le 4 septembre 2001.

Insecticide très persistant utilisé dans les bananeraies des Antilles françaises jusqu’en 1993, le chlordécone imprègne encore environ 90 % des habitants de Guadeloupe et de Martinique, exposés principalement par le biais de leur alimentation. Une situation qui est destinée à durer, la dégradation complète de cette substance dans l’environnement n’étant pas attendue avant plusieurs siècles. On savait ce pesticide associé à un risque accru de cancer de la prostate, à un impact négatif sur les facultés cognitives et le comportement des enfants exposés au cours des périodes pré- et postnatale ou encore à un risque augmenté de prématurité, le voici désormais mis en cause dans la baisse de la fertilité féminine. Des médecins et épidémiologistes français publient, jeudi 16 octobre dans la revue Environmental Health, des travaux associant pour la première fois l’exposition des femmes au chlordécone et l’allongement du délai de conception.

Conduits par les médecins et épidémiologistes Charline Warembourg de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et Ronan Garlantezec (CHU de Rennes, Inserm), les auteurs ont exploité les données issues de 668 femmes recrutées dans les maternités de Guadeloupe entre 2004 et 2007. « Jusqu’à présent, l’impact potentiel de l’exposition au chlordécone sur la santé reproductive des femmes a été peu exploré, explique Ronan Garlantezec. Et ce en dépit de données issues d’expériences sur des rongeurs indiquant notamment que cette substance altère l’ovulation et la réserve ovarienne. » Pour tester l’hypothèse d’un impact sur les humains, les chercheurs se sont fondés sur le délai de conception, c’est-à-dire le temps écoulé entre l’arrêt des moyens de contraception au sein du couple et le diagnostic d’une grossesse.

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