C’est l’histoire de deux gratte-ciel de verre et de béton baptisés « Act One » et « Act Two », en référence aux ballets en deux actes joués à l’opéra voisin. Hauts d’une cinquantaine d’étages, ils sont sortis de terre en 2022, dans un quartier de Dubaï que certains promoteurs locaux qualifient volontiers de « kilomètre carré le plus prestigieux du monde ».

Sols de marbre clair, larges balcons, salles de sport et piscines extérieures… Une grande partie des 778 appartements avaient été vendus avant même la construction. Une centaine de nationalités s’y côtoient aujourd’hui. Des Américains, des Chinois, des Saoudiens, des Pakistanais, et aussi une poignée de Français. Parmi ces derniers, certains sont des propriétaires au profil particulier, qui se sont fait remarquer en achetant des étages entiers. Il ne s’agit ni de footballeurs fortunés ni d’investisseurs classiques en quête de rentabilité : tous sont liés au trafic de drogue en France.

Leur présence à Dubaï a attiré l’attention de la justice française, décidée à mettre la main sur les millions d’euros ainsi investis dans la pierre. Selon les informations du Monde, le parquet de Marseille a ouvert, en juillet, une enquête sur le patrimoine immobilier de plusieurs figures locales du narcotrafic détenant des biens à Dubaï, spécifiquement dans les fameuses Act One et Act Two. Ces investigations, confiées à l’Office antistupéfiants (Ofast), portent sur des faits de « blanchiment de trafic de stupéfiants et de blanchiment en bande organisée à l’encontre de plusieurs membres d’un important réseau de trafic de cannabis », confirme le parquet, qui ajoute qu’une « demande d’entraide pénale internationale a été formalisée à destination des Emirats arabes unis », afin d’identifier le patrimoine complet des personnes en question.

Plusieurs acteurs majeurs du réseau des Oliviers – du nom d’une cité des quartiers nord de Marseille connue comme un point de vente important pour le cannabis, la cocaïne et la MDMA – sont au cœur de l’enquête.

Parmi eux, Amdjad A., qui a comparu, en mars, devant le tribunal correctionnel de Marseille. Cet homme d’une trentaine d’années avait alors admis son implication dans le trafic et son rôle d’« intermédiaire pour le transport et la livraison » de stupéfiants au réseau des Oliviers. Il avait aussi reconnu travailler avec d’autres réseaux marseillais, niçois ou lyonnais. Mais il s’était montré moins coopératif au sujet de l’argent ainsi gagné. Dans une conversation téléphonique interceptée par les policiers, sa femme évoquait pourtant des biens immobiliers acquis à Dubaï. Interrogé à ce propos, le prévenu avait démenti tout investissement de ce type. Il a été condamné à huit ans de prison, sans que la justice ait pu, à ce jour, confirmer cette piste.

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