
« Des enfants uniques », de Gabrielle de Tournemire, Flammarion, 224 p., 19 €, numérique 14 €.
C’est un livre d’amour et d’empêchements, né dans un monde que l’on connaît si peu. Des enfants uniques, premier roman de Gabrielle de Tournemire, raconte l’histoire d’Hector et de Luz, un couple d’adolescents en situation de handicap. Si le récit prend la forme d’une fiction, il s’appuie sur une expérience vécue par l’autrice, née en 1998. Normalienne et agrégée de lettres, Gabrielle de Tournemire a choisi de s’éloigner un temps du monde universitaire, en 2021. Dans le cadre d’un service civique, elle a passé une année en Belgique, au sein d’un foyer d’hébergement pour personnes handicapées. Elle s’est ensuite inspirée de leurs existences pour leur imaginer une histoire.
Dès les premières pages de ce roman délicat et inventif, on est immédiatement saisi par ces vies racontées sans pathos ni voyeurisme. Il y a d’abord Hector, un adolescent de 12 ou 13 ans. De quoi souffre-t-il ? Gabrielle de Tournemire ne le dit pas. Sans doute pour le protéger des images définitives que le lecteur pourrait projeter sur lui. Ce garçon, taciturne et rêveur, se débrouille comme il peut dans un monde qui n’est pas vraiment fait pour lui. « De la bouche d’Hector ne sortaient que des informations essentielles (…), parfois des éclairs de sensibilité qui avaient franchi, incontrôlés, l’épaisse barrière séparant ses pensées de sa réalité. » Et puis il y a Luz, cette jeune fille dotée d’une « impétueuse imagination », qui se déplace avec difficulté, tandis que sa parole s’emballe, bien trop rapide pour être facilement comprise. Hector la rencontre lors d’une fête d’anniversaire organisée à l’institut médico-éducatif. Entre eux, c’est un coup de foudre immédiat qui bouleverse leurs existences et chamboule de surcroît celles de leurs familles.
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