Pas de souci, il ne s’agit que de capital : c’était le refrain entonné depuis des mois pour expliquer que la course à l’investissement dans l’intelligence artificielle (IA) n’était au fond pas si dangereuse. L’explosion de la bulle boursière qui n’allait pas tarder à arriver ne rincerait que les actionnaires et l’on en resterait là.
Sauf que la donne a changé, comme le révèlent deux enquêtes du Wall Street Journal et du Financial Times. Les géants de l’IA sont en train de contracter de la dette pour des montants inédits, à des taux dépassant 6 %.
Le Wall Street Journal recense trois accords géants. En premier lieu, celui de Meta, qui a permis de lever quelque 30 milliards de dollars (26 milliards d’euros) de dette, dont 27 milliards de dollars auprès de Pimco et de Blue Owl pour une durée de vingt-quatre ans au taux de 6,58 %. L’objectif est d’investir dans un mégaprojet en Louisiane appelé Hyperion. Cet endettement n’apparaît pas au bilan de la firme de Mark Zuckerberg, car il est financé par un véhicule détenu par Pimco et Blue Owl.
Deuxième exemple : un projet de centres de données pour le compte d’Oracle et d’OpenAI dans le Wisconsin et au Texas ; soit 38 milliards de dollars sur cinq ans au taux de 6,40 %. L’entreprise d’IA dirigée par Sam Altman étant une start-up, elle ne peut s’endetter ; quant à Oracle, sa note de crédit est mauvaise. Résultat, l’affaire est financée grâce à un astucieux montage organisé par la banque américaine J.P. Morgan et par Mitsubishi UFJ Financial Group. La dette, qui est ainsi financée par une trentaine d’institutions, sera payée par les loyers versés par Oracle, qui facturera ses services à OpenAI.
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